Dès la première minute de spectacle, les longs riffs de guitare d’Olivier Mellano rythmés par le rap d’Arm donnent le ton. Ce Richard III n’à rien de conventionnel ! On oublie les costumes d’époque, on tord le cou aux conventions, on renonce même à vraiment entendre le texte de Shakespeare pour toucher ce que la pièce à de plus universel. On parle ici de la sauvagerie sans limite au service de la conquête du pouvoir. Ce roi hideux du 15ème siècle anglais qui a éliminé tous ceux qui encombraient le chemin qui devait le mener au trône nous parle de tous les assoiffés de pouvoir. Apprentis dictateurs, candidats divers et variées qui seraient prêts à tuer père et mère pour arriver à leurs fins. Plus précisément David Gauchard dit avoir monté ce Richard III suite aux dernières élections présidentielles…
Sur la scène du Parvis, ce sont trois Richard III qui s’associent. Le son de la guitare d’Olivier Mellano fait écho au texte interprété par Vincent Mouron qui passe le relais au rappeur Arm. Une conjonction mélodique et rythmique qui donne à cette lutte pour le pouvoir l’ampleur d’un opéra-rock et à Richard III la stature d’une star gothique, genre Sisters of Mercy. Les autres rôles de la tragédie, souvent relégués au rang de silhouette sur un l’écran vidéo central, n’apparaissent que comme autant de victimes potentielles de cette machine infernale. Le monstre n’en est que plus inhumain. Alors même si le spectacle souffre de quelques difficultés à trouver son rythme, cette beauté glacée nous offre quelques moments de la grâce. Celle d’un diamant noir, froid et dur. Une image qui éclaire précieusement ces temps de précampagne présidentielle…