Bien sur, on peut reconnaît les grands classiques à la trace qu’ils laissent dans notre culture commune. Mais c’est aussi à la richesse des propositions qu’ils soulèvent bien après leur création, à l’écho qu’ils trouvent au fil des époques qu’ils traversent et à la multiplicité des versions qu’ils permettent qu’on mesure l’envergure d’un classique. C’est bien avec cette envie de faire résonner le texte classique avec l’actualité que David Gauchard nous propose un Richard III qui sort sans complexe du cadre du théâtre Elisabéthain pour entrer de plein pied dans un monde que William Shakespeare ne pouvait imaginer.
Tout est pourtant déjà la, plus dans le texte que dans l’histoire avec laquelle de Shakespeare a pris les libertés qu’ils lui ont permis de créer un caractère. Il y a Richard III, ce roi hideux et boiteux, ce monstre assassin des deux princes, Édouard et Richard, et de tous ceux qu'il voyait comme ses ennemis. Un homme animé par une soif d’un pouvoir absolu qui balaye tout sur son passage. « Nous sommes spectateurs éberlués devant cette magistrale démonstration de comment devient-on dictateur » conclue David Gauchard. Et c’est la qu’il relie l’histoire et l’actualité. « Sensible à ce sujet, surtout depuis les dernières élections présidentielles, j’ai voulu faire un spectacle sur les dangers du pouvoir et ses dérives ». On ne peut être plus actuel.
« J’ai décidé de mettre en scène cette allégorie du mal sous la forme de ciné-concert : en demandant à Vincent Moulon (comédien), Arm (rappeur) et Olivier Mellano (musicien) de jouer ensemble le rôle titre/ Richard III n’est pas humain et donc, afin d’éviter au spectateur une trop facile identification du personnage, j’ai opté pour ces trois modes d’expression différents. Trois Richards pour Richard III ». Marie-Claire Riou nous avait prévenus : la collection d’hiver serait l’occasion de voir des spectacles qui vont nous étonner. Nous voilà donc partis pour un Richard III riche en promesses !