C’est une évidence qui s’impose, comme si Shakespeare et après lui Verdi qui a fait de Macbeth un opéra, avaient pris comme modèle l’histoire tourmentée de l’Afrique postcoloniale. Le metteur en scène sud-africain Brett Bailey, traverse les siècles pour mettre face à face la quête ensanglantée de pouvoir de Macbeth et de sa femme dévorée d’ambition qui se déroule quelque part au onzième siècle, et les centaines de milliers d’assassinats commis par Mobutu pour s’emparer du pouvoir en République démocratique du Congo, et dernière lui tous les dictateurs qui n’ont pas hésité à verser le sang. Un face à face lumineux qui donne à la tragédie de Shakespeare la couleur encore fraiche du sang qu’on a pu voir dans les journaux et à la télévision du Congo au Rwanda.
Une transposition qui donne à l’opéra de Giuseppe Verdi une charge émotionnelle d’une étonnante puissance et qui met en perspective l’histoire récente de cette partie de l’Afrique. Le tout superbement servi par une dizaine de chanteurs lyriques, avec en particulier Owen Metsileng dans le rôle de Macbeth et Nobulumko Mngxekeza dans celui de la fameuse Lady Macbeth qui nous offre des parties d’une belle intensité. Et on n’oublie pas l’orchestre Sans Frontières et ses quatorze musiciens qui accompagnent en live les chanteurs pour deux représentations une spectacle d’une rare intensité au public du Parvis.