Même si la pièce n'a pas souvent été montée, La résistible ascension d'Arturo Ui s'impose comme un des textes qui habite la culture théâtrale du 20eme siècle. Ne serait-ce que par son épilogue marqué par la sentence "Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde". Une effroyable montée du nazisme dans l'Allemagne des années 30 transposée dans le Chicago des gangsters avec à sa tête Arturo Ui qui va ronger l'organisation pour éliminer tous ceux qui vont le gener et s'emparer du pouvoir. Après Jean Vilar en 1960, Georges Wilson, Heiner Müller, Jérôme Savary en 1993 avec Guy Bedos dans le rôle titre, et plus récemment Dominique Pitoiset, c'est Katharina Thalbach qui nous propose une mise en scène entrée au répertoire de la Comédie Française au printemps 2017.
Une mise en scène qui signe un retour aux source pour la fille de Sabine Thalbach qui a débuté au Berliner Ensemble de Brecht avec mère Courage. Elle propose une ascension d'Arturo Ui en respectant scrupuleusement l'intention de Brecht qui expliquait il convient d’utiliser des masques, des accents et des gestes propres aux modèles, mais d’éviter toutefois le pur travestissement, et le comique ne doit pas être dénué d’effroi. Ce qu’il faut, c’est une représentation plastique sur le rythme le plus vif, avec des tableaux de groupes bien disposés dans le goût des histoires de foire annuelle. On retrouve bien cette volonté de Brecht jusqu'aux panneaux pédagogiques qui ponctuent lourdement la pièce pour préciser le parallèle avec la montée du nazisme. Mais l'intérêt de la mise en scène de Katharina Thalbach réside probablement ailleurs, autour de cette toile d'araignée qui cristallise l'effroyable stratégie d'Arturo Ui et toute la modernité du propos. Une toile que les comédiens escaladent, la ou l'équilibre devient précaire et que la chute n'est plus impossible. Une idée superbement servie les comédiens du français.
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