Jouer Le cercle de craie caucasien de Bertold Brecht en Basque sous-titré relève de la gageure ! Un coup d'oeil sur les sous-titre, un autre sur la scène. Rapidement on ne sait plus oû donner de la tête. Et puis, on accepte de ne pas lire tout le texte, on se laisse emmener en dehors des sentiers battus, un peu à l'aventure.
Le cercle de craie, c'est la réponse de Brecht a une question sociale forcement toujours très actuelle. À qui appartient la terre : aux propriétaires qui y sont nés et qui aspirent à y revenir perpétuer une agriculture traditionnelle ou à ceux qui la défendent et la font fructifier ? Sa réponse passe par un conte caucasien, celui de Groucha, fille de cuisinier de son état, qui recueille dans le tumulte d'un révolte le fils du gouverneur abandonné par sa mère. Groucha traverse les montagnes pour sauver cet enfant, qui devient le sien par la somme des épreuves qu'ils vivent ensemble. Puis, la mère naturelle réapparaît pour reprendre son fils et son héritage. A qui revient l’enfant : à celle qui a engendré l’enfant ou à celle qui l’a élevé ? Le peu recommandable juge Azdak place l’enfant au centre d’un cercle de craie. La mère qui arrivera à tirer l’enfant hors du cercle aura gain de cause.
Dans une mise en scène créative et efficace - excusez du peu - la furie des évènements donne une espèce de mouvement perpétuel. Est-on dans le Caucase ou en plein Pays Basque ? La musique, jouée "live" accentue le rythme du spectacle. On se laisse prendre par ces comédiens, très proches, qui donnent de leur sueur. On assiste à des moments très forts, qui soulèvent le public, comme la traversée d'une passerelle pourrie qui très symboliquement est soutenue par les autres comédiens. A la fin, tout le monde finit debout pour applaudir à tout rompre ce petit moment de bonheur théâtral.