Jacques Higelin dans un bon jour, son fils Arthur H, Zebda, Nina Hagen, Cali, Boulevard des Airs, Jane Birkin, Arno, Les Négresses Vertes, Miossec, Boulevard des Airs encore, Toure Kunda, Abd Al Malik. Bientôt Keziah Jones. La scène de La Gespe a vu passer pas mal de monde avec une programmation plus ou moins flamboyante mais toujours intéressante. Mais pour La Gespe, il est hors de question d’être un simple point de chute pour les groupes et chanteurs en tournée. Rencontre avec Pierre Domengès, maitre des lieux depuis plus de 30 ans pour en savoir plus sur ce qui se passe après l’extinction des projecteurs.
Comment on concocte une programmation à La Gespe ?
La programmation c’est la partie la plus visible de La Gespe. Mais ce n’est pas la seule. La Gespe est une SMAC, c’est-à-dire une scène de musiques actuelles. A ce titre des missions. Favoriser l’émergence en allant chercher des groupes qui ne sont pas encore connus pour les aider. Travailler sur tous les styles musicaux, aller jusqu’à la nouvelle chanson occitane et les musiques du monde.
Le tout dans une grande salle
Oui. Avec une salle de 900 places qui permet de faire de beaux concerts, mais qui ne permet pas de les mettre en tête d’affiche. On doit arriver à les mettre en première partie d’artistes qui ne souhaitent pas toujours de premières parties. Ou qui arrivent avec la leur. Mais j’arrive jusqu’ici à imposer les artistes locaux en me bagarrant un peu. Et puis il faut assurer l’équilibre financier avec des spectacles un peu pointus qui ne feront pas rentrer d’argent et des choses de qualité qui remplissent les salles.
Vous parlez d’équilibre financier. C’est indispensable ?
Mon objectif, est d’avoir une programmation qui s’équilibre financièrement pour que je puisse mettre le maximum de finances pour les projets structurants. Pour l’accompagnement des groupes, pour le soutien à l’émergence, pour les résidences de création et tout ce qu’on fait sur le département qui est de l’ordre de travailler auprès des publics empêchés. Empêché pour un tas de raison comme le fait qu’il y ait un tiers du département en zone de montagne avec des salles de concert qui sont loin. Alors on va se déplacer et soit travailler avec une structure partenaire proche, soit aller dans les collèges et les lycées avec la Magic Bus. Un outil qu’on a créé justement pour tout ça. Ce qui n’empêche pas dans nos projets de faire venir ces jeunes à La Gespe pour qu’ils entrent dans une salle de spectacle.
Et vous faites même rimer programmation et projets !
On est toujours en train d’imaginer des projets pour faire résonner la programmation et nos missions. Presque tous les concerts sont associés à un projet culturel. Comme le concert de Vieux Farka Touré qu’on lie au 60è anniversaire de la déclaration des droits civiques aux Etats-Unis qui va au-delà de la reconnaissance de l’égalité raciale pour parler déjà de violences sexistes et d’homophobie, pour créer des projets comme celui qu’on fait avec le lycée Marie-Curie autour de la musique soul, du blues, de l’esclavage et de l’immigration aux Etats-Unis. Et deux groupes passeront en première partie de Vieux Farka Touré et un bord de scène qui permettra la rencontre de l’artiste et des jeunes.
La Gespe, incubateur de projets musicaux
En plus de 30 ans d'accompagnement de groupes et de chanteurs de la région, La Gespe a ouvert de belles perspectives à de nombreux projets. Mise à disposition de son plateau techniques, conseils, préparation à la professionnalisation et mobilisation du réseau régional des scènes de musique actuelles. Un chemin qu'à suivi Boulevard des Airs, La Varda et beaucoup de musiciens qui jouent maintenant avec des stars de la chanson française. Et parmi les pousses actuelles, des artistes en devenir comme Tiphène, O.G.R.E. qui était dans la programmation du Parvis la semaine dernière ou comme Madam qui sera tête d'affiche à La Gespe le 29 mars.
Propos recueillis par Stéphane Boularand