On le connait à la tête de La Gespe. On se souvent de l’avoir sur scène, avec Ghetto dans les années 70, les Thénardiers avec lesquels il a multiplier les scènes avec des tournées européennes. Et plus près de nous avec Les Colporteurs et son fameux « J’écris ton nom UMP ». C’est en tant qu’écrivain qu’on retrouve Pierre Domengès aujourd’hui. De « Raccourcis » écrit en 2008 à « Un chemin de Harlow » sout juste sorti des presses, en passant par le roman « Poison heart » et beaucoup d’ouvrages collectifs, Pierre Domengès embarque ses lecteurs pour une plongée au coeur de l’esprit du Rock. Avec ce que ça comporte de personnages hauts en couleurs, de jeunesse en quête d’avenir et de vrais morceaux d’humanité. Rencontre avec un homme qui a fait du rock un compagnon de voyage.
D’où vient cette relation avec le rock anglais des années 70 ?
Je suis un gamin de la révolution punk : je suis né une seconde fois en 1977. J’avais 15 ans quand ça a explosé. C’était les années Giscard. On s’ennuyait, on commençait à parler de chômage parce que c’est le seul avenir qu’on avait. J’écoutais déjà de la musique, mais il n’y avait rien encore qui catalysait cette colère qui était en nous. Quand le punk rock est arrivé, ca a été un choc. Quand on a écouté le premier album des Clashs, on trouvait Tarbes plus belle, il semblait qu’on y avait notre place. Ce bagage punk porte notre colère, porte un militantisme assumé.
Le punk vous a porté ?
Ca a ouvert un horizon terrible car on ne savait pas jouer, mais le punk nous disait « Do it yourself », faites-le vous-même. Alors on y a été ! On a commencé à jouer, mal, mais ce n’est pas ça qui comptait. Le punk nous a permis d’exporter notre colère, ajouter un peu de provoc et de nous amuser aussi. Sans jamais se prendre au sérieux.
Après avoir joué, vous écrivez. C’est un autre moyen de garder cet esprit rock ?
J’ai arrêté de chanter, comment dire, sérieusement. Je chante toujours avec de copains, mais je ne fais plus de concerts et j’ai arrêté ma carrière musicale. J’écrivais des chansons et l’écriture de nouvelles me permet de continuer avec un format qui est dans le même esprit qu’une chanson. C’est assez court, il faut être efficace et trouver une punch line. Et ça me permet de dire d’autre choses et d’aller plus loin car quand je chantais, les gens n’entendais pas le texte et il fallait avoir une ou deux phrases qu’ils allaient entendre parce que c’est le refrain, pour donner l’idée du texte quand on ne l’entendait pas.
Quelles valeurs porte ce rock ?
Le rock, c’est une musique d’émerveillement et de jeu. C’est la musique des gamins qui croient au Père-Noël, qui sont plein de rêves. Mais il y a aussi toujours des drames et les excès. Mais derrière tout ca, il y a toujours quelqu’un, toujours beaucoup d’humanité. C’est le coeur du rock.
Dans vos livres, il est aussi souvent question d’Espagne et de Républicains.
L’Espagne c’est à la fois le punk rock qui arrive, pas loin de chez nous et d’incroyables personnages qui ont fait l’histoire de l’Espagne républicaine. La musique c’est la Movida, la révolution punk à la sauce espagnole avec une dimension culturelle beaucoup plus large que ce que j’avais vu en Angleterre. la ca touchait la littérature, la bande dessinée, la peinture. Tout !
«Un chemin de Harlow»
« Je suis sur le terrain du rock américain et du blues. Je me suis inspiré du film Stand by me qui résonne avec ma propre histoire qui vient d’une cité ouvrière grise. Même si Tarbes n’est pas Manchester. Comme les gamins du film, j’ai été sauvé par la découverte du rock, ça m’a accompagné toute ma vie». C’est ainsi qu’au fil des pages comme dans un road movie, on croise Ben E. King, Fréhel, Gene Vincent, les Ablettes, Little Bob, Lorca, Tom Waits. Et évidemment les Clash.