« C’était un vieux rêve » explique Jérôme Deschamps. Une pièce qu’il a vu à 15 ans avec Jacques Dufilho dans le rôle-titre, une pièce de Molière qu’il a joué quelques années plus tard quand il était à la Comédie Française dans la mise en scène de Jean-Paul Roussillon tout en costumes et décors d’époque. Et nous y voilà, il a fallu attendre ses 76 ans pour qu’il s’approprie enfin ce monument du théâtre français. Des années recul qui lui ont permis de comprendre l’essence de cet Avare. « En rêvant à L’Avare, cette comédie féroce, à l’inverse de ceux qui veulent inscrire l’action dans un contexte trop précis, je suis convaincu que ni Molière ni les spectateurs n’ont besoin de ce genre d’artifice pour comprendre, pour être surpris, pour rire pour être ému » explique-t-i dans sa note d’intention.
C’est donc avec en tête la nudité des plateaux de Jean Vilar, d’Antoine Vitez et de Peter Brook que Jérôme Deschamps a mis en scène pour faire résonner le verbe de la pièce de Molière. Et de citer Tati « En montrer moins pour en dire plus » pour livrer au public un Avare revenu dans son plus simple appareil pour parler fort et porter loin. Enfin pas vraiment dans son plus simple appareil puisqu’il reste les costumes et accessoires de Macha Makeïeff, son acolyte depuis 1978 avec une vingtaine de production dont les incontournables Deschiens. Et leur fils Félix Deschamps Mak qui travaille régulièrement sur les dernières productions de son père pour les décors. Un travail familial qui devrait concentrer une culture corrosive qui promet de voir Jérôme Deschamps en un Harpagon plus féroce que jamais.