On a vu plusieurs de ses pièces au Pari, mises en scène par Mercedes Tormo, Benjamin Haegel ou par Eric Durand. Une saison avant la tragédie de Macbeth en prologue à Shakespeare, Le radeau comme un huis-clos en pleine mer, Héritage et le poids de ses secrets. Autant de textes nés sous la plume de Gloria Carreño, la plus Irlandaise des Écossais installés à Lourdes ou la plus Lourdaise de ceux qui ont traversé la Manche. C’est une question de point de vue. Nous avons rencontré cet auteur qui n’écrit pas pour faire un livre, mais pour faire vivre des personnages sur les planches.
Vous avez beaucoup écrit pour le théâtre. Que trouvez-vous en tant qu'écrivain ?
J’aime les être humains, j’aime les écouter, j’aime échanger. C’est ce que me procure l’écriture théâtrale avec les dialogues entre les personnages qui ne sont pas moi. Et je peux suivre le fil que ces personnages me montrent, pour voir comment ils avancent dans la vie. On manipule aussi un peu ces personnages pour traverser les conflits, les drames et leur donner un espace d’ouverture, de résilience et d’optimisme. Et j’adore donner un peu d’énergie au public au travers de mon écriture. Et c’est vraiment jouissif de voir sur le plateau des personnages qu’on a crée en solitaire face à la page blanche. Et voir comment les comédiens se mettent dans la peau des personnages que j’ai imaginés. Une incarnation qui associe ce que j’ai créé et ce que les comédiens apportent. C’est pour moi une fascination totale !
Est du théâtre à lire ou du théâtre à voir ?
J’essaye de faire du théâtre à voir. Mais j’ai été prof dans une autre vie et je fais peut-etre trop parler mes personnages. Et on me le dit ! Mon objectif est de mettre ces personnages sur scène.
Ou s'arrête l'auteur et ou commencent les comédiens et le metteur en scène ?
Lorsque le texte est terminé, on que l’on croit qu’il est terminé, je propose la pièce à un metteur en scène. C’est lui ou elle qui prend le relais. A chacun son boulot ! L’auteur écrit, le metteur en scène met en scène et le comédien joue. Je ne suis pas metteur en scène, je ne suis pas comédienne non plus. Moi j’entends des vois, le metteur en scène voit des images, le comédien respire et transpire. Je reste dans les coulisses et laisse faire le metteur en scène pour ne pas interférer dans l’interprétation. Au debut on a envie de tout maitriser, mais on apprend à laisser d’autre faire ce qu’ils savent faire. La coordination dans cette équipe est extraordinaire.
Cette ligne entre auteur et metteur en scène que vous ne franchissez pas, sanctuarise le texte ?
Je crois que c’est important que chacun respecte la place de l’autre. Il y a quelques ajustements du texte quand les comédiens s’approprient leur texte, quand le metteur en scène pense sa conception visuelle de la pièce. Mais il faut que l’auteur l’accepte.
Vous écrivez en pensant à un metteur en scène et à des comédiens ?
Ca dépend des fois. Ca m’est arrivé d’écrire en pensant à Mercédès Tormo tout en sachant que ca ne lui plairait pas. Ca m’arrive d’écrire en pensant à la palette de jeu d’un comédien aussi. Mais on écrit d’abord pour soi-même
Les pièces ont depuis été reprises par d’autres metteurs en scène ?
La seule qui ai été reprise est Une saison avant la tragédie de Macbeth qui a été jouée en anglais à Londres. Il a eu d’autres projets comme cette même pièce dans un des châteaux où se déroule la pièce mais ça ne s’est pas fait pour des raisons financières. J’ai des contacts à Paris et en Ecosse, mais ce n’est pas toujours facile quand on est à Lourdes.