Il est sur tous les fronts. De la direction de l’école de street dances aux spectacles de danse qu’il présente au Parvis, à la Grande Halle de La Vilette à Paris ou en tournée au Maroc, Bouziane Bouteldja est plein de projets avec sa Dans6T. À quelques jours de la présentation de sa nouvelle création sur la scène du Parvis, il revient avec nous sur sa trajectoire de danseur hip-hop à la conquête des grandes scènes.
Comment êtes-vous passé du hip-hop dans les rues de Tarbes aux grandes scènes ?
Avec du travail et de la passion. Mais j’ai l’impression de ne jamais avoir décidé, je me suis laissé porter. Quand j’ai commencé à danser, je n’avais pas l’ambition d’arriver à faire des tournées avec mes chorégraphies, pas l’ambition de développer un discours qui apporte une autre dimension à ce que je propose.
Quel discours avez-vous développé ?
Dans mes chorégraphies j’exprime mon engagement citoyen. Un engagement contre les discriminations, contre la misère sociale. Danser avec son corps et se servir du corps pour s’exprimer. Un message qui peut être en tension avec l’actualité. Comme en 2015 quand je présentais à l’Estive, la scène nationale de Foix, un travail sur la laïcité et la liberté d’expression quelques jours après les attentats du 7 janvier. Ce qui m’a valu des menaces.
Est-ce que trajet est plus difficile quand on vient du hip-hop qu’avec la danse contemporaine ?
Le hip-hop est danse plus jeune que les autres danses de la scène artistique. La danse contemporaine a toujours su associer le corps et le discours. Ça n’est pas le cas du hip-hop ou le discours ne vient pas spontanément. Le hip-hop raconte plein de choses. Il plante ses racines dans les revendications de jeunes noirs face au racisme, il a des gènes révolutionnaires et il a grandi au fil de mouvements. Il a mis du temps à arriver sur scène et il y a un travail à faire pour développer un discours et proposer un spectacle qui porte davantage. C’est aussi une danse en constante transformation, il n’y a pas de codes qui figent et ça nous laisse un énorme espace pour chercher, pour s’exprimer et développer de nouvelles formes. Une direction à l’opposé de la présence du hip-hop aux Jeux Olympiques.
Quels ont été les accélérateurs ?
Des rencontres. Comme celle avec Coraline Lamaison en 2011 grâce au Parvis. Elle m’a aidé à dépasser la pratique de technicien pour devenir interprète. De comprendre qu’on pouvait s’exprimer et construire un discours. J’ai aussi grandi avec d’autres rencontres, avec un compositeur, avec Nathalie Huerta, Chloé Le Nôtre. Beaucoup de rencontres.
Dans6T, c’est à la fois une école de danse et une compagnie. Les deux marchent ensemble ?
Et même les trois car il y a aussi l’association avec des actions dans les quartiers, dans la politique de la ville. Les trois marchent ensemble. Dan6T permet à des individus d’ouvrir un espace plus large en multipliant les possibles. L’école de danse permet à la compagnie d’être en prise avec ce que les jeunes ont envie de faire et voir évoluer les tendances. La compagnie donne à l’école de danse une perspective, et l’association lie tout ça à la réalité du terrain. Les trois fonctionnent mieux parce qu’ils sont liés et c’est primordial pour nous.