Qu’est-ce qui vous a intéressé dans la vision de l’utopie des jeunes ?
Avec Le dernier contingent, j’ai été surpris des réactions. Celles des jeunes qui se reconnaissaient dans ces adolescents en déshérence perdus entre la drogue, la violence et la prostitution, celle des adultes qui percevaient une vision extrêmement sombre qui ne correspondait pas à la jeunesse réelle. Quand Marie-Claire Riou m’a proposé de monter un nouveau spectacle, j’ai eu envie de parler de ça, de l’impression que nous produisons l’enfermement de nos enfants et de leur vision de l’utopie.
Pourquoi précisément l’utopie ?
Il n’y a pas d’invention d’une société idéale qui ne soit la critique de la société dans laquelle nous vivons. On a la fois la projection de ces jeunes gens vers l’avenir, leur pensée en cours de construction, et leur perception de l’humanité ou nous sommes. C’est véritablement un double portrait.
Comment avez-vous construit ce spectacle ?
J’ai passé deux mois à interroger des jeunes des Hautes-Pyrénées et j’ai construit le texte du spectacle à partir des 160 heures d’enregistrement que j’avais. En respectant la pensée bien sûr, mais aussi la structure linguistique, les hésitations, les respirations, les silences, comme un travail entomologie. La pensée n’est complète qu’avec les trous et les arrêts. C’est cet ensemble qui est au plus proche de la pensée en train de se dire.
Le spectacle n’est destiné qu’aux jeunes ?
Je commence avec les jeunes qui sont la source de cette pensée. Je vais dans les lycées, présenter le spectacle et échanger ensuite avec les jeunes qui vont continuer à construire leur penser, continuer à écrire sur les murs. Mais ce spectacle concerne aussi les adultes qui pourront assister à sa présentation des salles de classe.