Grande pièce du répertoire classique au Parvis vendredi et Samedi soir. Avec Phèdre de Racine, c’est un monument de la tragédie telle qu’on le concevait au 17ème siècle avec tout ce que ça comporte de contraintes de temps, d’espace, de lieu, sans oublier la bienséance que la pièce met très modestement à mal donnant la mort au personnage titre. Autant de règles issues de la tragédie grecque ou purement inventées par les théoriciens de l’époque comme l’abbé d'Aubignac ou Boileau. Quatre siècles plus tard, il reste un superbe texte, tout en alexandrins et un subtil mélange de mythologie et de suspens qui a traversé les siècles alors qu’on à fait voler en éclats ces règles si rigides. Aux metteurs en scène d’aujourd’hui à jouer avec ce que la pièce a de plus intemporel, comme Patrice Chéreau l’avait fait il y a une dizaine d’année avec Dominique Blanc dans le rôle de Phèdre.
C’est Christophe Rauck qu’on avait vu à l’œuvre avec le Couronnement de Poppée il y a deux ans, qui propose maintenant sa mise en scène. Il présente une vision de Phèdre tout en énergie qui joue avec les codes du classicisme pour en faire émerger ce que la pièce a de plus intemporel. Entre un amoncellement d’armures et une tapisserie de palais oriental, Cécile Garcia-Fogel interprète une Phèdre arrivée au point de rupture, entre la fragilité de son beau-fils Hippolyte joué par Pierre-François Garel et les excès de la rage tapageuse de son mari le roi Thésée incarné par Olivier Werner. Une approche qui se montre efficace même si elle ne donne pas toujours à l’écriture de Racine tout l’espace qu’elle mérite.