Nombreux, sans aucun doute, sont les lecteurs qui se souviennent de l’article sur le « Massacre à Paris » de Christopher Marlowe, que Guillaume Delaveau avait présenté au Parvis il y a deux saison de ça. Notre confrère Pierre Challier, avec le panache qu’on lui connaît, avait alors titré « Massacre au Parvis, un mort : l’auteur » tant l’acharnement scénographique de Guillaume Delaveau avait abouti à coup d’effets scéniques, quatre cent quinze ans après l’assassinat de Christopher Marlowe en Flandre, à le tuer une seconde fois à Tarbes. Probablement d’une sévère et fatale indigestion. Deux ans plus tard, il est de retour ! Pas Pierre Challier, qui n’étant pas parti ne peut pas raisonnablement prétendre à un retour, même si le personnage à bien plus d’envergure que ces piliers du show biz qui font plus de retours que d’adieux. Non, plutôt celui du redoutable scénographe.
Ayant fondamentalement foi en l’homme en règle générale, on voulait bien faire table rase de cet antécédent malheureux, et aller benoitement mardi soir au Parvis, assister au « Prométhée enchainé » d’Eschyle mis en scène par le même Guillaume Delaveau. Trop benoitement sans doute. Le panonceau à l’entrée indiquait une durée d’une heure et vingt minutes. Un format qui coule tout seul donc. C’était sans compter avec la relativité du temps qui en fait une mesure étonnamment élastique, comme on a pu le constater à nos dépends. Pauvre Prométhée enchainé qui reste tout ce temps spectateur de sa propre tragédie, pauvre public qui reste lui aussi enchainé, à son siège, et pauvre Eschyle, nouvelle victime d’un scénographe compulsif qui confond servir le texte et se servir du texte. Là, on ne peut plus invoquer l'accident…