C’est un bijou de noirceur que le Parvis nous a présenté jeudi et vendredi dernier. Avec « Les bonnes » de Jean Genet, c’est dans un grand malaise que le spectateur est plongé. Claire et Solange, deux sœurs, deux bonnes débordantes d’une haine pathologique envisagent d’éliminer madame, leur maitresse. Un thème manifestement inspiré, même si Jean Genet s’en défend, de l’histoire authentique des sœurs Papin qui ont assassiné leur patronne dans les années 30. Tout dans cette pièce est fait pour créer une atmosphère oppressante et inquiétante. Le jeu trouble des deux bonnes qui simulent l’assassinat de leur maitresse, la relation complexe et duale des deux sœurs. Ce n’est pas très étonnant que la pièce ait été aussi mal accueillie à sa sortie dans un après-guerre qui aspirerait à un état d’esprit plus positif. Trop avant-gardiste dit-on maintenant que les spectateurs ont appris à renoncer au confort des certitudes.
La mise en scène de Jacques Vincey réussit à restituer avec simplicité la noire beauté de la pièce. Marilù Marini, qu’on avait déjà pu voir dans « Madame de Sade » ou en toute fin de la saison dernière dans « le récit de la servante Zerline » est une maitresse résolument détestable, Hélène Alexandridis et Myrto Procopiou, deux bonnes singulièrement inquiétantes qui nous emportent dans une effroyable logique. Le décor tourne et tourne encore. On ne tarde pas être pris par le vertige de la pièce dont la mécanique fascinante fonctionne implacablement. Une mise en scène sombre et superbe comme un Chabrol grand cru