Les spectacles ont une vie ! C’est ainsi qu’on retrouve dans le « off » du festival d’Avignon, L’empereur et le rossignol, un conte d’Andersen bien connu des enfants des Hautes-Pyrénées puisqu’il a été joué de nombreuses fois de Tarbes à Luz-Saint Sauveur, en passant par Lannemezan.
L’empereur de Chine, passe des journées selon un rituel bien établi : manger délicatement, regarder des danseuses et ordonner quelques exécutions capitales. La routine en quelque sorte ! Quand un rossignol s’introduit au palais, il est d’abord surpris par cet intrus qui perturbe son rituel, avant de tomber sous le charme du chant de l’oiseau. Voyant cet intrus prendre une place trop importante, les conseillers le chassent et lui substituent un oiseau mécanique au charme bien éphémère.
La mise en scène de Marie-Anne Gorbatchevsky donne une esthétique très asiatique, au rythme du tintement des petites clochettes de l’empereur. On peut entrer dans ce conte à plusieurs niveaux, ce qui lui permet d’être vu a partir de trois ans. Les plus petits pourront être sensibles à l’aspect répétitif du rituel impérial, aux superbes costumes, ou au chant de la soprano Marie-Claire Delay sur des airs de Mozart, Offenbach, Delibes et Ravel. Les plus grands seront aussi sensibles aux thèmes abordés par ce conte : la cruauté sereine de l’empereur, son isolement et enfin sa mort. Il finira par s’envoler avec l’oiseau. Marc Lallement joue l’empereur avec beaucoup d’expression et une gestuelle rigoureuse : une façon de s’asseoir en tailleur tout en douceur, de passer d’un jour à l’autre d’un mouvement des bras. Contrairement à d’autres spectacles qui multiplient les effets à l’excès, ici l’ambiance crée est très calme. Une façon de montrer qu’on peut séduire plutôt qu’exciter.
Après le off du festival d’Avignon, le spectacle reprend sa route. La prochaine étape sera Castelnaudary. Souhaitons une longue vie à cet empereur et à ce rossignol qui ont grandi en Hautes-Pyrénées !