Les corps sont très présents dans vos oeuvres. Est-ce un thème inspirant ?
Avec le corps humain on peut tout dire, exprimer tous les sentiments, en passant par l’amour. J’adore la ligne et les courbes de femmes un peu plantureuses. L’aspect musculeux d’hommes qui peuvent lutter, se reposer ou penser. La rigueur du trait parce qu’un corps raté ça se voit tout de suite. Un corps trop académique n’est pas intéressant non plus. Il faut trouver un juste milieu avec un corps expressif et pas complément juste. Je produis pas mal de dessins, il y en a qui ne fonctionnent pas et puis tout d’un coup, une idée, une audace, une asymétrie, un cadrage différent, une pause particulière, un petit éclair de génie. Avec une tête ou pas, une personne qu’on essaye de faire exister ou un être humain qui se nie.
Et beaucoup d’autres sujets, de Napoléon aux animaux. Comment choisissez-vous vos sujets ?
Je suis un éclectique en réalité et je m’intéresse à énormément de choses. Napoléon, c’est un personnage qui m’a intéressé pour apporter un éclairage sur une bataille napoléonienne. De voir la puissance des combats, la violence de la scène, les hommes qui souffrent. Il y a l’ambiance des combats, l’odeur de la poudre. Et un personnage comme Larrey, le chirurgien de Beaudéan qui émerge avec son altruisme et les progrès qu’il apporte, de cette période sombre. Après l’expo, ce n’est pas que j’ai épuisé le sujet, mais j’ai envie de passer à autre chose, je change de sujet.
Et vous passez aux animaux réels ou mythologiques !
C’est aussi un sujet qui m’a énormément intéressé. J’ai fait plein de petites sculptures de Centaures. Je considérais que nous étions une incarnation moderne des centaures, sauvages, brutaux, stupides, querelleurs et batailleurs. Sauf Chiron. Ce mélange de bêtes et de chevaux me permettait de trouver un thème spectaculaire au niveau de la sculpture. Et d’autres animaux aussi. Comme les chevaux, avec une exposition qui s’appelait femme et chevaux pour faire un parallèle entre la sensualité du corps de la femme et les courbes du cheval. La croupe, l’animalité m’avaient intéressé. J’ai aussi fait une exposition avec des animaux cadrés dans une toile pour que le sujet soit une évidence. Il y a aussi des grands formats, une baleine de 6 mètres ou un requin un peu plus petit.
Des sujets nombreux et vous produisez sur de multiples médiums !
L’appel de l’art s’est fait par le biais de la sculpture. J’avais 20 ans, presque diplômé en architecture et je suis allé voir une exposition sur Zadkine à l’Hôtel de Ville de Paris. J’ai été frappé par la grâce comme Claudel derrière son pilier. L’architecture ne me passionnait pas plus que ça. Et j’ai commencé à enlever de la matière comme les belles sculptures de Zadkine. Mais j’ai préféré en rajouter quand j’ai découvert le métal par un stage à l’école Henri IV et un stage de dinanderie.
Et la gravure, la peinture, le dessin…
J’ai toujours dessiné, bien avant même la sculpture. J’essayais de copier les dessins patriotes et hauts en couleur de mon grand-père, petit soldat de la guerre de 14. Et puis j’ai dessiné selon ma propre inspiration. Le dessin, puis la sculpture, la gravure aussi même si je ne me définis pas comme un graveur. Si on n’est pas maladroit ce n’est pas forcément très long à pouvoir se débrouiller sur une technique.
Les projets actuels
Il faut avoir la caisse physiquement pour tomber une expo comme Le Carmel à Tarbes ou le Palais des Evêques à Saint-Lizier. Fini les grandes expositions, Erick Vuillier se consacre en ce moment à des supports moins encombrants. Il travaille sur plusieurs projets d’illustration et d’écriture. Des monotypes avec les dessins de « L’homme qui brûle ». Les textes et les illustrations de sa propre histoire avec « Les œufs durs » de son enfance qui devrait aboutir à un livre découpé en 66 petits chapitres pour ses 66 ans. Et l’illustration encore du Bateau ivre d’Arthur Rimbaud en 25 dessins sur la vie du poète.