Yan Bragance

C’est un jeune peintre à la soixantaine que nous avons rencontré cette semaine entre ses vues de Guyane aux couleurs acidulées et des portraits qui se jouent de la lumière et des regards

Yan Bragance dans son atelier à Louey

Comment êtes-vous devenu peintre ?

On peut dire déjà que j’y suis arrivé très tard. En sortant des beaux-arts de Paris, j’ai travaillé dans le design pendant presque 40 ans pour des marques de prêt à porter J’ai aussi enseigné les arts plastiques. Mais je savais qu’un jour je peindrais. Et c’est arrivé tout d’un coup. J’ai commencé en 2016 par faire des copies de Klimt, de Modigliani. Mais le révélateur de mon moi profond, ça a été le voyage en Guyane. Je voulais faire découvrir à mes enfants l’endroit d’où je viens alors que ça faisait 20 ans que je n’y avais pas mis les pieds. Ca a été un vrai choc émotionnel avec beaucoup d’images qui sont revenues en cascade. Beaucoup d’image que j’ai pris en photo ou dessiné dans mon carnet sur place. Peut-être que s'il n’y avait pas eu ce voyage finalement je n'aurais jamais peint ! Alors que je sais maintenant que je suis fait pour ça.

Qu’avez-vous peint après la Guyane ?

J’ai voulu coucher sur la toile les images que j’avais ramené. J’ai peint des perroquets, des jaguars qui est un animal emblématique avec le toucan. Des arbres, des cocotiers. J’en ai fait énormément. Et je continue car il y a toujours une demande pour ce côté exotique. Dès que j’en vend un, j’en fait un autre. Je mets en avant mes peintures de Guyane dans les expos car c’est une manière de me présenter, même si je n’en fais plus beaucoup.

Mais dans votre atelier on voit surtout des portraits !

Il y a des peintures de Guyane derrière les portraits. Mais la faune et la flore du début ont petit à petit laissé la place à des portraits. Je me suis rendu compte que c’était ce que j’avais envie de faire tout simplement. Et le portrait s’est imposé. Il y a tout dedans, des formes droites et arrondies, des effets de profondeur. Et le regard surtout. On me parle souvent du regard dans mes portraits. L’important pour moi c’est la réaction que le portrait suscite dans l’œil de celui qui le regarde. Je ne fais que donner quelques indices et chacun libre d’aller au-delà et de se l’approprier. Maintenant c’est le portrait, et on verra demain. Je suis jeune en peinture et j’explore encore.

Comment peignez-vous ?

J’essaye de me donner un cadre, parfois un thème. Mais je peins d’instinct et assez rapidement. Je fais d’abord une esquisse assez précise, mais au fur et à mesure que mon couteau passe il y a des choses qui se révèle sans que je le décide. C’est pour ça que j’utilise l’acrylique qui me permet de peindre vite et de repasser dessus aussi. Je laisse aller et les choses se mettent en place. Je laisse mon idée initiale pour aller vers ces inconnues. J’aime le couteau qui me permet de repasser sans dénaturer, j’aime les couleurs qui se mettent en place et trouvent un équilibre avec les formes. Et puis on s’arret sans jamais savoir à quel moment on doit s’arrêter.

Repasser dessus, c’est-à-dire sur une autre peinture ?

Oui, quand une toile ne se vend pas, que le public n’y est pas sensible ou qu’elle ne soit pas réussie. Peu importe. Mais ça reste dans mon atelier et elle me prend de la place. Alors plutôt que de le laisser dans un coin, je les réutilise et je repasse dessus. Il y a certaines toiles qui ont été peintes trois fois. Mais je laisse toujours comme un oubli, un indice qui amène à deviner qu’il y a quelque chose en dessous. Je sais qu’elle est là, même si quelque chose est venu recouvrir. Et la toile recouverte à une histoire.

Voir les peintures de Yan Bragance

C’est au fil des expositions qu’in peut voir les tableaux de Yan Bragance. A la mairie de Tarbes du 26 octobre au 5 novembre avec le salon des amis des arts de Tarbes dont il est président, ou chacun des 60 membres de l’association expose 2 œuvres. En même temps qu’il expose à Vieux-Boucau les 26 et 27 octobre.

Mais c’est du 5 au 14 novembre à la salle des mariages de Barbazan-Debat que le public pourra le mieux voir le travail de Yan Bragance avec une vingtaine d’oeuvres exposées dans un « regards croisées » ou il invite Serge Debus, un sculpteur animalier.

/ ©Bigorre.org / publié le

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