André Cazé

Depuis qu’il est installé en Hautes-Pyrénées, André Cazé mobilise le bois, le métal et les matériaux trouvés pour produire des oeuvres abstraites. Mais il a un jardin aussi mystique que secret.

André Cazé devant sa croix au masque à gaz sortie de son garage/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Il y a savoir-faire et faire-savoir. Des phases du travail que tout artiste se doit de maitriser assez pour avoir une production raisonnablement significative et pour la rendre visible urbi et orbi. Il reste ensuite à développer des compétences administratives pour entrer dans les arcanes de la commande publique ou une propension au commerce pour trouver des acheteurs. C’est à ce prix que les artistes peuvent exercer leur art tout en continuant de manger. Mais pas forcément en même temps. André Cazé ne parait pas souffrir de malnutrition, mais ce n’est probablement pas grâce aux ventes de ses oeuvres qu’il échappe au kwashiorkor. Déjà parce qu’il ne montre pas souvent sa production avec une présence dans les expositions extrêmement réduite même s’il co-exposait cet été à la Galerie 88 de Bagnères-de-Bigorre avec la peintre Sylvie Langlois. Sa communication est savoureusement furtive comme sa page Facebook parfaitement vide. Mais aussi parce qu’il ne montre pas tout en gardant au fond de son garage les oeuvres qui lui tiennent le plus à coeur. Rencontre avec un artiste discret, sinon secret, chez lui sur les hauteurs de Bordes parmi ses productions abstraites et de nombreuses sculptures africaines.

Comment êtes-vous arrivé à cette sculpture ?

Ça fait partie de ma destinée. Je n’ai pas fait de véritables études, ni de formation artistique. Et a l’adolescence je me suis rendu compte que j’étais dépourvu de toute connaissance. Puis je me sus intéressé à la poésie, à la musique classique. J’ai gagné des concours avec la poésie. Ca m’a fait plaisir mais ça tournait toujours autour de... J’ai vécu dans un cimetière. Je pense qu’il y a des répercussions là-dessus. J’ai toujours été attiré par la mort, par Dieu, et tout ce qui touche l’humain. Je fais beaucoup de choses très épurées.

Quelle est votre intention dans cette abstraction ?

Je cherche à dénoncer sans porter de jugement. J’ai des envies dans ma tête qu’il faut que je crée. Des choses qui me trottent dans la tête, des images ou des informations qui m’ont blessé. L’an dernier j’ai fait une croix de 2 mètres 40 de haut avec masque à gaz accroché sur une partie horizontale de la croix qui est éclairée avec le reste présenté dans le sombre. Le mal qui s’installe dans l’harmonie de la croix pour dénoncer que dans le mouvement de l’âme demeure des penchants faillibles. J’ai fait aussi une échelle un peu comme l’échelle de Jacob pour faire comprendre que l’homme ne prie pas le ciel, il se confit au ciel. Même celui qui n’est pas chrétien, il est en fin de compte. C’est assez particulier quand même. J’ai besoin de faire passer ces messages. La sculpture, c’est juste l’outil pour les faire passer.

Je ne m’étais pas rendu compte de la dimension mystique de votre production.

Je n’ai pas encore exposé la croix. La plupart des gens veulent de la sobriété, de l’esthétique. Je ne sais pas qui accepterait l’exposer car elle choque. Je pense c’est deux choses totalement différentes. C’est l’un ou l’autre, je ne peux pas tout mélanger. Il y a ma sensibilité que je ne montre pas. Et puis après il y a le reste.

Vous êtes prêt à sortir la croix du garage ?

Si je peux exposer la croix je l’exposerai, je m’exprimerai. Une expo du côté religieux avec des messages, je le ferai. Mais il faut trouver l’endroit. Ce qui n’est pas évident parce que les galeristes font leur choix. Et ça c’est particulier, ça choque. Ils ont leur commerce et moi je ne cherche pas à vendre. Je cherche à partager, à émerveiller et à choquer.

Pour voir des oeuvres d’André Cazé

Voir des oeuvre d’André Cazé ne relève pas du hasard. En tout cas pas du hasard des posts sur les réseaux sociaux. Il n’y a pas d’expositions en vue. Et sa présence sur Internet est discrète hormis son site Internet andre-caze.weonea.com et quelques photos d’oeuvres, avec tout en bas de la page galerie la fameuse croix au masque.

Après, il reste à aller voir l’artiste dans son atelier. Sur rendez-vous au 06 30 97 52 52, il vous accueille au 39bis chemin d’Oléac à Bordes (Hautes-Pyrénées). Beaucoup de ses oeuvres y sont visibles. Peut-être même au fond du garage.

/ ©Bigorre.org / publié le

A propos de Bigorre.org

Mentions légales

Association Bigorre.org et Stéphane Boularand

Sur Internet depuis 1998