A- A+

NewsSpectacles vusInterviewLes plus consultésVu un 18 enero

Marie-Pierre Vieu - Arcane 17 (Tarbes)

Marie-Pierre Vieu, autrice et éditrice à Tarbes

Après des années de mandats politiques, de conseillère municipale d'opposition à Tarbes au Parlement Européen, Marie-Pierre Vieu est revenue aux livres qu’elle écrit ou qu’elle publie avec Arcane 17.

Marie-Pierre Vieu devant une bibliothèque pleine de livres édités par Arcane 17/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Marie-Pierre Vieu devant une bibliothèque pleine de livres édités par Arcane 17/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Vos premiers livres étaient des essais politiques. C’est ce qui vous a amené à l’écriture ?

C’est plutôt le contraire : c’est l’écriture qui m’a amené à la politique. Enfant, je vivais dans un environnement ou on lisait et on regardait beaucoup de cinéma. Je n’ai jamais vraiment dissocié l’un de l’autre, j’aimais les histoires. Très rapidement j’ai préféré les livres de grands à la littérature jeunesse. J’ai plongé à cet âge-là dans Hugo, Tolstoï, Cohen. A cette époque on lisait des romans à l’eau de rose comme Les oiseaux se cache pour mourir. Je lisais la presse aussi. Il y avait aussi une empreinte familiale de la politique et du syndicalisme. Mon père qui était engagé, on faisait les manifs. Je lisais les pages culture de l’Humanité. Quand j’étais étudiante en hypokhâgne et khâgne, j’allais vendre un journal qui s’appelait Révolution à Avignon, j’ai découvert des gens comme Jack Ralite. J’étais une militante d’une culture populaire. C’est par le récit social et par le récit culturel que je suis arrivé à la politique.

La littérature est militante ?

La littérature peut peser sur les rapports sociaux. Quand on lit des livres comme ceux de Nicolas Mathieu, la description qu’il fait de la désindustrialisation, des ruptures générationnelles entre des gens qui étaient ados dans les années 80-90 comme c'était mon cas, et la jeunesse d'aujourd'hui dans la montée de la France start-up. Franchement c'est bien plus fort et bien plus profond que n'importe lequel des discours politiques. Quand on met des mots en débat, on structure des idées et on rend les gens libres. Rendre les gens libres c’est leur permettre de penser.

C’est le cœur d’Arcane 17, votre maison d’édition ?

L’histoire d’Arcane est faite de nouvelles, de poésie et de politique. Le livre politique nous permet d’obtenir une indépendance financière qu’on réinvestit pour passer au roman par le truchement du polar qui est un peu à l'intercession du récit sur une société qui va mal et d'une écriture dite blanche, c'est-à-dire la littérature de plain-pied. On fait de la littérature qui a un regard au minimum interrogatif, mais jamais d'ailleurs désespéré. On a plutôt des gens qui ont envie de que ça aille mieux, qui parfois se mettent en colère et parfois raconte autre chose.

Du livre politique à la nouvelle surréaliste, c’est aussi votre parcours !

Oui, c’est vrai, j'ai suivi la même trajectoire. J'ai écrit du livre politique. Je n’ai pas trop transité par le polar parce que ce n'est pas l'exercice que j'ai envie de faire. Mais la nouvelle qui sort dans « Ce n’est pas une pipe » qui s’appelle « la sirène mécanique » me permet pour la première fois d’écrire une fiction.

Qu’est-ce qu’être éditeur à Tarbes ?

C’est une maison d'édition en territoire avec une vocation nationale. Dans notre ADN on a Tarbes et on a la région Occitanie. Parce ce qu'il a dans Arcane 17 une empreinte populaire qui est également la sociologie de Tarbes. Je voulais adosser un projet territorial au projet littéraire car c’est une manière de transmettre. Ici parce que c'est ma ville et que c'était là que je me sentais le mieux à même de pouvoir travailler cette question des relations sociales. Ici, parce qu’il y avait des gens qui pouvaient m’aider. Et une maison d’édition sur un territoire où la littérature n’est pas très présente nous paraissait être une plus-value à apporter à notre lettre d'amour aux tarbais et aux Pyrénéens.

Mais aussi une vocation nationale ?

Oui. Ce n’est pas une maison d'édition régionale parce que je ne fais pas de régionalisme. On a des écrivains qui viennent de Paris, de l’étranger. De Tarbes aussi mais à chaque fois le récit qu'ils font est exportable et il est à égalité avec n'importe quel autre récit. Diego Arrabal est entre Tarbes et Toulouse. Mais quand il va sur un Salon du livre à Paris ou à Vitry, on ne parle pas d’écrivain régional.

Quels sont vos projets ?

On travaille sur un salon du livre. On a déjà fait un round d’essai l’année dernière avec une quinzaine de rendez-vous sur les Hautes-Pyrénées. Et on continue. Au cœur du projet d'arcane, il y a l'idée que la littérature n’est pas seulement dans les maisons d’édition, les librairie et bibliothèque médiathèque, mais qu’on peut aussi la porter dans des lieux où on va presque par effraction comme une terrasse de bistrots, une association qui n’a pas l'habitude de se poser la question du livre, un quartier populaire. C’est pour ça que le salon qu'on a initié l'année dernière existe et qu'on veut structurer dans le temps ce qu'on appelle les itinérantes avec des partenariats culturels entre Arcane et des lieux qui s’inscrivent dans leur vie locale. C'est à la fois l'ADN d'Arcane et un ADN qui est tout à fait haut-pyrénéen.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

Artistes