Savoureux concert de Pianoforte au Parvis

La question qu’on se pose quand on va voir un all-star band, c’est savoir si le plaisir va dépasser les égos et si la somme dépasse les individus. C’est avec cette question en tête qu’on allait au Parvis vendredi soir pour le concert des quatre belles figures du jazz français de Pianoforte. Baptiste Trotignon, Bojan Z, Eric Lignini et Paul Lay qui remplace à la scène Pierre de Bethmann du disque. Quatre grands noms du jazz français, chacun avec son identité musicale propre mais tous auréolés d’une Victoire du Jazz. Du haut niveau donc. En fait on ne se pose la question du plaisir vs l’ego pas très longtemps. Dès le début du concert, le plaisir est manifeste. Les quatre musiciens s’installent au clavier des deux pianos acoustiques et de deux pianos électriques, avec la sonorité reconnaissable entre mille des Fender Rhodes. Et il suffit que l’un lance un thème pour que les trois autres se joigne eux aussi avec leur touché et leur personnalité. Un jeu de rôle ponctué par les changements de poste, le passage du Rhodes au piano acoustique et inversement. Entre les morceaux des uns et des autres comme Seeds de Bojan Z, les hommages à ce qui les réunit comme Mercy mercy mercy de Joe Zawinul ,Celia de Bud Powell ou Chorinho de Lyle Mays, on ne tarde pas à voir qu’au-delà du plaisir de jouer ensemble, la formule fait apparaitre une incartade dans l’identité de chacun qui les libère pour partager à quatre les influences qui les porte, et pour partager avec le public la musique qu’ils aiment. Du point de vue du spectateur, c’est absolument délicieux. Et à voir la complicité des quatre pointures, le plaisir était partagé. Jusqu’à la sortie de la salle avec les dédicaces de l’album tout juste sorti de Pianoforte.