A- A+

NewsSpectacles vusInterviewLes plus consultésVu un 29 avril

Hervé Carrère (Batsère)

Hervé Carrère, l’animation, le théâtre et le territoire

Comédien, metteur en scène, Hervé Carrère est toujours présent sur son terrain de jeu avec un savoureux mélange de dérision, convictions, de plaisir de jouer.

Hervé Carrère ne triche pas au théâtre : même sa barbe sera vraie pour incarner le gros bonhomme rouge en fin d’année/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Hervé Carrère ne triche pas au théâtre : même sa barbe sera vraie pour incarner le gros bonhomme rouge en fin d’année/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Comment devient-on artiste qu’on vient d’un petit village des Hautes-Pyrénées ?

Moi, je viens de Lannemezan. Ça commence loin du théâtre car j’ai fait des études de mécanique auto. C’est par l’animation que je suis arrivé au théâtre. Lors de stages de perfectionnement, je suis parti en art dramatique sans savoir ce que c’était vraiment. Il y avait des comédiens, des musiciens, des acrobates et là je commence à me dire que j’avais vraiment envie de travailler là-dedans. Mais j’ai continué ma carrière d’animateur avec des actions ou il y avait toujours du théâtre quelque part.

Et comment avez-vous basculé sur le théâtre ?

Quand j’étais animateur avec les jeunes de quartier à Tarbes, je travaillais avec une compagnie qui s’appelait le "Théâtre Tarbais hétéroclite et campagnard" avec Marc Lallement et Michel Gomez. Ils m’ont demandé d’intégrer l’équipe de théâtre. Donc j’ai dit ok. Animateur la journée, comédien le soir. Les week-ends et la nuit à répéter, monter des décors, fabriquer des décors, charger, décharger des camions. Ça a duré un temps. J’ai arrêté l’animation et je suis allé me former au théâtre. À la Commedia dell’arte avec Carlo Bosso au Piccolo Teatro de Milan. Avec Augusto Boal qui a inventé le théâtre forum. Des formations pour mettre en scène aussi. Et j’ai continué à enseigner le théâtre dans des écoles, collèges et lycées. J’ai continué à jouer avec Michel Gomez et Marc Lallement, puis des compagnies de théâtre de Tarbes. J’ai mis en scène des contes musicaux avec Eclats, le chœur d’enfants dirigé par François Terrieux avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse.

Et maintenant vous voilà dans Culture Son !

J’ai travaillé comme ça pendant presque 40 ans, et j’ai eu envie de passer à autre chose. C’est à ce moment qu’Yvette de Culture Son m’a demandé si je connaissais quelqu’un pour travailler avec eux sur les spectacles. Ça faisait une quinzaine d’années qu’on se courait après sans savoir si on allait travailler ensemble, c’est peut-être le moment. Allez, on essaie et depuis 2020, je suis à la compagnie Culture Son avec Manu Cachet Yvette Ornière.

Est-ce qu’un territoire rural comme les Hautes-Pyrénées change la façon de faire du théâtre ?

Les choses ont beaucoup évolué. Il y a 20 ou 30 ans on avait l’impression d’amener la culture dans les villages. Même s’il y a aussi leur propre culture. Mais c’est beaucoup plus ouvert maintenant. Les possibilités de voir du spectacle et plus largement de la culture se sont multipliées. Le Parvis se déconcentre beaucoup, les compagnies locales se sont développées. Le milieu rural a changé aussi, il y a pas mal d’urbains qui se sont installés. Bien sûr il y a des spectacles qu’on ne peut voir qu’en ville, parce qu’il n’y a pas de grande salle partout, parce qu’il n’y a pas 100 000 personnes à dix minutes de voiture. Si on veut voir un orchestre symphonique ou un opéra, il faut aller à Toulouse. Ou au Parvis. Mais il y a beaucoup plus de spectacles qui vont sur le territoire. Et il y a une demande. Comme ici à Batsère ou les administrés se sont se sont regroupés pour qu’existe à la culture ici. Du théâtre, de l’opéra, des concerts dans l’église.

Quels sont vos projets actuels ?

Mes projets sont ceux de Culture Son. Je m’y consacre à plein temps. On monte de spectacle, on fabrique, on monte tout et on joue partout. On ne peut pas faire partie d’une compagnie, ne pas être là parce qu’on joue ailleurs et planter tout le monde. Je garde juste un atelier amateur adulte l’Arcal à Arreau, et une compagnie à Cadéac dans le 31. Et je fais des mises en scène.

Comme celle du Don Quichotte qu’on a vu au Jardin Massey samedi dernier

Il y a deux spectacles que j’ai toujours voulu monter : Cyrano de Bergerac et Don Quichotte. Le premier, je l’avais fait avec le Pari à Tarbes et le Théâtre de Mazamet il y a 10 ans avec une compagnie du Tarn et des comédiens locaux. Et ça a très très bien marché. Et avec Marc Lallement on a écrit l’adaptation de Don Quichotte en mode spectacle de rue en se demandant contre quoi il se battrait à notre époque.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

Artistes