A- A+

NewsSpectacles vusInterviewLes plus consultésVu un 4 juillet

Roxane Vidalon

Roxane Vidalon, l'art invisuel pour repousser l'horizon

Faut-il explorer à l’infini une pratique ou les multiplier pour repousser les limites d’un possible artistique ? Pour Roxane Vidalon, il a fallu aller jusqu’au renoncement pour faire reculer l’horizon

Roxane Vidalon dans son camping-car pour aller à la rencontre du public/ Roxane Vidalon

Roxane Vidalon dans son camping-car pour aller à la rencontre du public/ Roxane Vidalon

Qu’est-ce que Institut d’art philosophique et invisuel ?

C’est en quelque sorte ma dernière création. C’est le résultat de ma recherche actuelle que j’appelle aussi ma pratique artistique. Ma recherche philosophique est devenue ma pratique artistique. Et en mars j’ai fondé l’Institut d’Art philosophique et invisuel qui a pour vocation de rassembler un corps de chercheurs et d’artistes qui accepterait d’essayer de construire un art qui serait délesté des contraintes du monde de l’art tel qu’on le connaît aujourd’hui, de l’esthétique de l’art visuel. Il s’agit d’un art qui se détacherait du concept d’œuvres, de production et d’objets.

Vous mobilisez beaucoup de supports, des collages au tatouage. C’est une diversité nécessaire ?

Oui, je considère que la transdisciplinarité est essentielle à la progression, à la proposition d’autres choses. Si on reste enfermé dans une discipline ou une catégorie, à mon sens c’est restrictif. D’où la multiplicité des formats, des supports, le croisement des disciplines. Je pense qu’il y a une porosité entre les choses qui est indispensable si on veut avancer et créer quelque chose de novateur.

Par ou êtes-vous passée avant d’arriver la ?

Initialement je suis danseuse, je suis devenue professeur de danse contemporaine et j’ai enseigné au Conservatoire de Tarbes. J’ai quitté la danse pour m’intéresser au tatouage parce que je dessinais et je peignais et j’avais des interrogations dans la relation de l’art et du corps. En parallèle j’ai fait une licence en philosophie car j’ai toujours fusionné la pratique artistique et la réflexion philosophique. Et puis en 2018 je me suis vraiment consacrée aux arts visuels au sens des arts plastiques, en faisant beaucoup de recherches et en continuant à mener une réflexion philosophique. C’est en 2021 que j’ai découvert l’art invisuel à travers un ouvrage qui s’appelle Esthétique de l’art invisuel.

Ca a changé votre pratique artistique ?

J’ai tout de suite fait le rapprochement avec mes pensées philosophiques qui avaient toujours une tendance à abstraire. Il y avait toujours des limites que ce soit dans le corps avec la danse dans les contraintes matérielles avec la création plastique. J’inspirais toujours à quitter tout ça parce que pour moi la pensée philosophique s’éleve toujours plus haut que ça. La pensée philosophique est une création, est un art d’une certaine manière. Et ça a résolu les tiraillements que je subissais depuis presque 15 ans dans ma pratique artistique. Et du coup je me suis engouffrée là-dedans, j’ai repris mes études et je suis actuellement je suis en master en recherche esthétique. Je suis aussi à l’École nationale d’art de Paris qui enseigne l’art invisuel et les méthodes et les formats qui peuvent lui être attribués.

Un changement de cap complet !

Quand j’ai décidé de me consacrer à l’art visuel et à la philosophie, j’ai décidé de quitter toute pratique visuelle, d’abandonner ma pratique d’artistes plasticienne et de tatoueuse pour me consacrer exclusivement à l’art philosophique et invisuel. Mais je ne renie pas ce que j’ai fait, la danse, le tatouage, l’art plastique. J’ai épuré, j’ai testé, je me suis rendu compte que je me sentais limitée au bout d’un certain temps dans ces pratiques dans ces disciplines et j’ai fait des choix.

Un camping-car pour aller à la rencontre du public

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

Artistes