Auteur d’une bonne quarantaine de livres selon sa notice Wikipédia, compagnon de route de Claude Nougaro, Maitre ès Tour de France, pamphlétaire dans l’Idiot International de Jean-Edern Hallier. N’en jetez plus. Sans oublier ses éditoriaux dans nos pages qui taillent dans le vif. Christian Laborde est partout. On cherche l’entrée, le détail qui éclairerait l’ensemble, la clef qui ouvrirait les portes de la citadelle. Mais rien ne vient. Trop d’angles, trop de contrepieds ou de contrepoints, on ne sait plus. Il résiste. Jusqu’a ce petit livre, ce « Fourbi » qu’il a commis ne nous en dise plus sur lui. Sur son amour du verbe, sur sa façon de regarder ses contemporains et sur ce qui agite le monde, sur ses valeurs et ses humeurs. Rencontre avec Christian Laborde dont Claude Nougaro disait que « c’est un poète, c’est-à-dire un homme qui parle une langue de couleurs à délivrer les grands baisers de l’âme »
Dans Fourbi vous annoncez d’abord un récit, puis de la poésie pour finir par des « vagabondages ». C’est un parcours typiquement Labordien ?
Oui. Du point de vue de la forme, c’est un peu la volonté d’échapper à l’omniprésence du roman et du document. Des textes généralement sans imagination. J’avais envie de faire un pas de côté et donc d’aller vers un texte différent. Je publie ensemble un récit, une partie regroupant des poèmes et une troisième partie qui regroupe des aphorismes, des notes, des impressions, des lectures, des petits vagabondages.
Récit, poésie ou vagabondages, les étiquettes sont interchangeables. C’est partout une déclaration d’amour au mot dans votre Fourbi ! C’est une porosité assumée ?
Dans la première partie, c’est vrai qu’il y aussi de la poésie. Je renoue avec une tradition littéraire qui est celle du récit poétique où il y a des personnages, des situations, des événements comme dans le roman. Mais la langue est beaucoup plus libre et joue avec les mots comme elle joue dans la poésie avec les sonorités et le rythme. Plusieurs lecteurs m’ont dit qu’on se surprend à le lire à voix haute car on entend une voix poétique. C’est comme ça que travaille : il faut que la langue sonne. Je sais que le poème ou le texte est terminé quand il provoque du bonheur dans l’oreille qui l’écoute
Et que nous dit ce titre de « Fourbi » ?
J’avais envie d’un titre bref, et là il n’y a pas plus court. C’est aussi un joli mot, un joli son à l’oreille. Et avant le sens commun de ce mot, le coté bazar qu’on peut retrouver dans le livre, « Fourbi » c’est aussi de l’argot militaire pour désigner l’ensemble des armes d’un soldat. Il regroupe toutes les munitions dont je me sers, le récit, le conte, le poème, la nouvelle, les textes pour enfants. Un ensemble de genres que je peux mobiliser et que j’affectionne.
La nature est très présente dans votre Fourbi. Comme dans l’Idiot de Jean-Edern Hallier ou vous défendiez l’ours dans les Pyrénées. C’est toujours la même conviction ?
J’avais écrit les premiers textes pour défendre l’ours des Pyrénées à l’époque où on creusait le tunnel du Somport. J’ai dit que ce qui arrivait à l’ours arrivera aussi à l’homme. On est sur la voie ! Les convictions sont les mêmes mais la situation a changé. Maintenant je me porte au chevet de la nature.
« Fourbi » en librairies dès le 7 mars prochain
Le livre édité par Héliopoles sera dans toutes les (bonnes librairies) à partir de jeudi prochain pour savourer la richesse de l’écriture de Christian Laborde. « Ces textes et notamment la poésie évidemment, je ne les laisse pas couchés sur le papier. Je vais aussi les dire sur scène car je me sens profondément conteur » explique-t-il. Il faudra donc aussi guetter ses lectures. A commencer par celles qu’il fera à Saint-Lary pour le Printemps des poètes les 13 et 23 mars. Ensuite, la médiathèque de Biarritz le 30 mars, la Librairie des beaux jours à Tarbes le 4 avril, d’autres dates dans le sud-ouest. Et le Salon du Livre à Paris.