Que nous racontent vos photos de Pyrénées ?
Ca fait 4 ou 5 ans je travaille sur les forêts anciennes, des zones de très hautes naturalité qui sont dans les Pyrénées. Des forêts qui n’ont pas été exploitées depuis au moins 200 ou 300 ans et qui sont redevenues complètement stabilisées. Vraiment sauvage. J’ai suivi un scientifique anglais, Jonathan Carruthers-Jones qui répertorie ces zones de très haute de naturalité ici sur le territoire. Je l’ai pas mal accompagné au début pour relever des pièges photographiques ou des pièges sonores. Et en fait je me suis pris au jeu, j’ai trouvé ces endroits exceptionnels et j’ai concentré mon travail photographique sur ce sujet-là. Je m’appuie sur les cartes de haute naturalité pour aller chercher les forêts qui m’intéressent.
Les sites vierges sont nombreux en Hautes-Pyrénées ?
Il y en a une dizaine. Des zones qui ne sont pas très grandes. J’essaie d’aller dans les endroits les plus les plus reculés possible, les plus vierges possibles. Mais c’est aussi par nature des endroits qui sont extrêmement difficiles d’accès. C’est donc un challenge que de trouver le moyen d’y entrer a partir de cartes, en suivant des traces d’animaux. Un jeu de piste en dehors des sentiers battus, un travail sur soi aussi pour pénétrer au cœur de ces zones.
Comment mobilisez-vous ces photos ?
Avec ces photos, on a monté un spectacle avec deux musiciennes, quelque part entre le classique et la musique concrète contemporaine. J’effectue un travail en direct avec ces photos, et de la matière que j’ai trouvé dans les vieilles forêts comme des pierres et des mousses. Je mobilise toute cette matière en liaison avec la musique.
Et qu’est-ce que vous avez envie de raconter cette matière ?
Ce que j’ai envie de raconte, ce que nous avons envie de raconter. Ce sont surtout des sensations d’espaces complétement sauvages. Purs, intense et effrayants. Des endroits au-dessus de nous, ou nous n’avons pas notre place. Des corridors écologiques pour la nature et les animaux parce qu’il n’y a personne, qu’il n’y a pas de sentier.
Est-ce les forêts ancienne sont un bon sujet photographique ?
C’est un sujet pour moi qui est extrêmement complexe. Parce qu’il faut photographier un arbre c’est déjà compliqué. Une forêt encore plus avec des couloirs d’avalanche, avec des arbres sont les uns sur les autres. C’est extrêmement compliqué de d’arriver à cadrer, à poser son œil sur ces zones-là. D’autant plus que on a tous un imaginaire par rapport à la photographie de forêt. Et que j’ai envie d’avoir une spécificité. Quelque chose qui m’appartient et qui est représentatif de ce que je ressens là-bas.
Est-ce que votre activité de jardinier aiguise votre regard photographique ?
Mon activité de jardinier me donne la liberté de penser, de penser à tout ce travail photographique. J’ai un métier extrêmement physique qui me qui m’autorise à divaguer. C’est aussi un équilibre entre ces deux activités, une continuité de voir comment les équilibres naturels s’inscrivent soit dans un jardin ou dans une somme complètement sauvage. Ca fait partie de notre ADN de travailler sur le territoire.
Kilomètre 0
« Pour nous, le Kilomètre 0, c’est le départ de la départementale 7 » explique Rémi Lesclauze. « Une borne au pied d’une vieille forêt, symbolique d’un départ d’un endroit qui qui est important pour notre territoire et pour les Pyrénées ». Le début d’un voyage qui mobilise les clichés de forêt vierge de Remi Lesclauze en mode V-jing et la musique de Cécile Thévenot et Hélène Colin pour proposer au public un parcours dans ces sites vierges. Le spectacle est prêt après une résidence avec l’association Traverse à Bagnères-de-Bigorre. Ils n’ont plus qu’ a trouver des programmateurs pour voir le résultat d’ici l’été.