C’est un superbe moment de théâtre que Le Parvis nous a offert mardi soir. Pour fêter ses 50 ans, la scène nationale tarbaise a programmé la reprise d’un des plus beaux spectacles de la saison 2008/2009 qui a reçu depuis le Molière de la meilleure comédienne. Session de rattrapage pour ceux qui n’avaient pas vu spectacle, pas entendu La douleur de Marguerite Duras mise en scène par Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang, interprété par Dominique Blanc. 15 ans plus tard a quelques jours près, Patrice Chéreau n’est plus là, mais Dominique Blanc est bien sur la scène du Parvis dans la même mise en scène pour nous embarquer dans une insoutenable attente. Celle que Marguerite Duras à vécu, celle qu’elle a couché sur le papier dans le récit de l’attente de l’hypothétique retour de son mari des camps de concentration nazi à la fin de la guerre. Un sur cent reviendra parait-il. Un sur cinq cents peut-être. Comment peut-on revenir de Buchenwald et de Dachau ?
La tension est palpable sur la scène du Parvis. Un bureau, quelques chaises, et Dominique Blanc qui porte les mots de Marguerite Duras et nous soumet à la tension de l’insoutenable attente. Attente face au téléphone, attente face aux listes que publient les journaux. Attente quand des rescapés reviennent d’où on ne revient pas. Il n’y pas un bruit dans la salle. Le public retient son souffle pour entrer dans les méandres d’une pensée qui ne pense plus, dans un corps qui n’a plus de raison d’exister. Une heure vingt de théâtre qui se termine comme la fin d’une longue apnée, par le ressort d’une libération qui met le public debout pour saluer l’issue du récit, la performance de Dominique Blanc et l’incroyable puissance d’un spectacle à couper le souffle. Une reprise 15 ans après la création qui en annonce d’autres ? Dominique Blanc prévient Je me suis toujours dit que je le reprendrais... jusqu’au bout
.