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Albert et Kiki Lemant (Bulan)

Le monde fabuleux et sans limites d’Albert et Kiki Lemant

De la gravure aux installations de papier maché et d’éléments de récupération, le terrain de jeu semble sans limite avec Albert et Kiki Lemant pour donner corps à leur imagination.

Albert et Kiki Leman, dans leur atelier à Bulan/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Albert et Kiki Leman, dans leur atelier à Bulan/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

On ne sait pas vraiment par quel bout prendre les productions d’Albert et Kiki. Doit entrer par les installations à la Royal de Luxe, une fabuleuse immersion dans un monde imaginaire fait de papier maché ou de matériaux de récupération. Comme ils le font depuis quelques années au Château de Trévarez dans le Finistère. Comme il y a eu des expositions à Genève, au Musée Branly à Paris ou à l’Abbaye de l’Escaladieu et au Carmel tarbais. Ou est-ce dans la vingtaine de livres écrits et illustrés de gravures par Albert, qu’on découvre ce même imaginaire sans jamais savoir de la pointe de son outil de gravure ou son humour grinçant, lequel est le plus incisif. A moins que le mieux soit de lire un livre d’Albert, installé au coeur d’une installation. Rencontre avec ces deux artistes à Bulan en Hautes-Pyrénées.

Il faut parler d’Albert seul ou d’Albert et Kiki Lemant ?

Kiki Lemant : Non, on ne parle que d’Albert. Il est peintre, graveur et auteur. C’est lui le créateur connu qui porte tous les trucs. Ca m’intéresse de les faire mais pas de les porter. Je fais plein de choses par rapport à son boulot, j’y apporte ma pâte aussi. Mais pas mon nom. Je le laisse se débrouiller avec le reste.

Albert Lemant : Déjà ça n’est pas vrai. Moi je fais ce qui est à plat. Elle est plasticienne et elle nous a amener petit à petit à faire des volumes. Elle dit qu’elle n’intervient pas sur la création alors que quand on a un thème on travaille tous les deus dessus. C’est moi qui le mets en forme, qui le décrit, mais on l’a fait à deux. Sur la production des dernières expos, elle a dû faire 80%. Même quand j’écris, c’est plus que ma première lectrice, elle critique, apporte des alternatives. Des fois c’est énervant quand elle arrive avec des idées que j’aurais aimé avoir eu !

Comment êtes-vous arrivé à construire un monde de papier maché, de vidéo et d’éléments de récupération ?

Je ne sais pas si c’est venu d’une médiathèque ou d’un salon. On a voulu montrer mes gravures et mes bouquins en volume. On tripatouillait déjà les formes, Kiki à fait des animaux en papier maché, on a mis de ressorts pour que ça bouge et on s’est amusé comma ça. Le déclic c’est en 1999 quand je préparais Les « Lettres des isles girafines », une espèce de parabole sur la muséographie et sur l’Afrique. Et il y avait notre première expo au Carmel à Tarbes. Pour nous le Carmel, c’était grand comme un muséum et il y avait de la place pour faire les choses en grand. On a fait une vraie grande girafe. Puis deux, puis trois, et on a inventé le monde qui allait autour. On s’est amusé comme des fous et ça a marché tout de suite. A chaque fois qu’on remontait l’expo des girafes, on allait de plus en plus loin en faisant une nouvelle pièce au musée. On l’a fait 20 ou 30 fois dans des musées comme au Quai Branly.

ET vous avez été jusqu'à des installations impresionnates comme les Noël de Trévarez

De fil en aiguille, on nous a proposé de mettre en scène mes bouquins. Et il y a des véritables cartes blanches avec du temps et des moyens comme au Château de Trévarez avec un terrain de jeu incroyable. Il n’en fallait pas plus pour qu’on accepte. Kiki dit qu’on fait un spectacle mort-vivant, un spectacle sans acteur mais avec plein de vie. Quand on retrouve au milieu de 4000 personnes qui se marrent et vont d’un truc à l’autre, on se dit que ça vaut le coup d’avoir fait tout ça, et de nous avoir permis de faire ce qu’on voulait faire.

Quels sont vos projets actuels ?

Oui, un projet un peu fou : un Roméo et Juliette comme une battle entre Jurette l’argentine et Grosmélo l’irlandais. Un opéra bouffe avec toutes nos références, tout ce qu’on aime et des gens incroyables qu’on a rencontré.

Pourquoi s’installer à Bulan ?

« Je suis d’ici, explique Kiki Lemant. Quand j’ai rencontré Albert, on est parti vivre à Paris parce que c’est là-bas qu’il travaillait. Mais au bout de 5 ans, je lui ai dit maintenant on va vivre chez moi pendant 5 ans aussi. Et après on verra ». Et ils ne sont jamais repartis de Bulan.

« Et puis ici, on a eu l’espace pour faire ce qu’on veut » ajoute Albert Lemant. « On est pas loin de Lannemezan et Tarbes. Ça n’est pas compliqué d’aller à Paris ou ailleurs. Et en même temps on est tranquille pour travailler comme on l’entend, avec le temps nécessaire sans avoir un regard extérieur qui nous presse ».

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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