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Bruno Schmeltz (La Séoube)

Bruno Schmeltz, faiseur de tableaux et de fresques réalistes

Ses grandes fresques réalistes sont un peu partout en Hautes-Pyrénées, comme le jeune esthète qui orne le gymnase du Collège Desaix à Tarbes. Rencontre avec un peintre entre réel et fantastique.

Bruno Schmeltz dans son atelier de La Séoube, entre Campan et Aspin/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Bruno Schmeltz dans son atelier de La Séoube, entre Campan et Aspin/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Vous peignez une réalité souvent très éphémère ou qui n’a jamais existé. Est-ce que c’est une peinture qui dépasse la photo ?

Je fais des objets qui s’appellent des tableaux, à mon idée pour recréer quelque chose. Je m’inspire de ce qui m’entoure pour faire une réalité un peu fantastique. J'invente beaucoup de choses mais je veux que ces choses soient réalistes pour qu’on puisse y croire. Je les rends perceptible aux gens. Les gens dire ah c'est mieux qu'une photo ou on dirait une photo. Mais Je n'aime pas ce compliment si c’est est un. Pour moi la photo c'est clic-clac, ce n’est rien. Même si j’aime certains photographes, même si je me sers de photos comme des documents pour travailler dans mon atelier. Ma façon de travailler a fait que j'ai été détesté des responsables artistiques, des chefs se salon à Paris qui ne m’ont jamais invité à exposer. Parce que je dérange évidemment.

Quels sont vos sujets de prédilection ?

Pour moi toute chose est modèle. Je passe d’un tableau à un autre. Je peux passer d’un nu très réaliste à un chantier. Le nu est ce qu’il y a de plus difficile à peindre. Et de plus dangereux, de plus casse-gueule et c’est difficile à vendre. Je n'en n’ai fait qu’une quinzaine dans ma carrière, mais ça suffit pour alimenter cette imaginaire de mon nu. Il a beaucoup d’autres sujets. La c’est les carrières de marbre de Carrare en Italie. Là c’est La grappe de la Terre promise, un verset de la Bible qui dit que les fruits étaient si gros qu'il fallait être deux pour porter une grappe. C’est un sujet un peu fantastique que j’ai traité avec un tracteur qui avait brulé qui est resté des années dans les ronces en bas de l’Escaladieu. Et puis dans les tableaux il y a souvent des blocs, des masses qui sont la construction humaine. Il y a de l'abstrait là-dedans quand on construit ça un tableau comme ça. Ce que j’aurais aimé peindre davantage, c’est la paysannerie, les gens simples de la campagne. Comme ces trois bucherons, les bergères de La Séoube dans la Vallée de Campan ou mes anciens voisins qui faisaient les foins.

Votre peinture est aussi inspirée des classiques, une posture qui évoque La Vénus d’Urbin, une lumière et une composition qui revisite Poussin

J’ai été nourri avec ces peintures-là, avec cette culture et ce savoir-faire. J’ai commencé la peinture très jeune, j'ai commencé à copier au Louvre à 16 ou 17 ans. Très mal parce qu’au début on ne sait rien. Aux Beaux-Arts à Paris, les peintres, nos professeurs ne savaient déjà presque plus peindre. On voit ce que ça donne, il y a aucune succession. J’ai appris dans les musées. Si je peins une main, il faut que ce soit une main. Je fais des choses aussi bien que je peux mais je n’analyse pas ce que je fais avec des références comme vous le faites. Mes tableaux racontent eux-mêmes leur histoire, les gens voient ce qu’ils veulent. Il n’y a pas de besoin d’en dire plus.

Des compositions qui ressemblent à une mise en scène de cinéma, comme dans votre série western.

Je suis très cinéphile. J’adore les westerns et j’ai fait une série de petits tableaux. Dans cette série et dans les autres tableaux, la peinture permet de rassembler des choses qui n’ont jamais été ensemble, les juxtaposer des éléments comme on a envie de les mettre ensemble. De créer une composition comme on met en scène. Et de travailler la lumière comme le fait un chef opérateur au cinéma. D’ailleurs lors d’une exposition à Paris, un cinéaste avait laissé comme commentaire Bruno Schmeltz le meilleur objectif

Pourquoi avoir choisi ce coin des Pyrénées, entre Campan et Aspin pour vous installer ?

Mon père est né à Tarbes. Ma grand-mère parlait patois. Et je venais toutes mes vacances à Arcizac-Adour près de Tarbes. J’étais toulousain, mais quand j’ai eu besoin d’un atelier je suis venu ou je passais mes vacances

Quels sont vos projets actuels ?

La vie d'artistes à un peu au ralenti. Je continue à travailler mais l’art c’est vraiment la dernière roue de la charrette. Bagnères ne m’a jamais fait une expo alors que je suis ici depuis 60 ans. Je reprends des tableaux que je n’avais pas terminé. Comme celui-ci sur les carrières de marbre de Carrare que vais finir en bas en ajoutant un personnage probablement. Et je prépare une petite exposition qui sera à la galerie Valera au Foirail à Tarbes.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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