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Takashi Ogawa (Tarbes)

Takashi Ogawa, de la guitare à la composition

Rencontre avec le plus tarbais des japonais. Un guitariste classique virtuose doublé d’un compositeur aussi éclectique que prolifique, joué dans le monde entier.

Takashi Ogawa, guitare et traverso en main devant une partie de ses dessins/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Takashi Ogawa, guitare et traverso en main devant une partie de ses dessins/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Quelle place la guitare occupe dans ta musique ?

Je ne peux pas dire que j'adore la guitare parce que j'adore aussi le violon. Mais je ne joue pas de violon. Plus que la guitare, je m’intéresse à la musique en général. La guitare c’est le hasard qui est tombé sur moi. Je voulais être pianiste, je voulais être violoniste. J’ai chanté aussi et j’avais envie de devenir chanteur de variété, passer à la télé. Je regardais des cours de musique qui passaient à la NHK. Le lundi piano, le mardi violon et le vendredi guitare. J’ai commencé par la guitare parce que c’était plus facile, c’était bon marché. Mais quand j'ai pris cet instrument, je l'ai aimé. J’ai acheté une compilation de musique classique à la guitare et je suis tombé amoureux de toutes les pièces et j’ai eu envie de tout jouer. A 15 ans j’ai pris des cours sérieusement avec un professeur confirmé, et j’ai beaucoup travaillé. Je faisais 6 heures de guitare après le lycée. C'était tellement sérieux que je voulais devenir concertiste parce que je pensais que c'est la guitare qui était ma voie. C'est là que j'ai commencé entrer dans le monde de guitare, écouter beaucoup de guitariste, j'ai passé le concours, fait des petits concerts. Je n’avais fait que trois ans de guitare sérieusement quand je suis parti en Europe.

L’Europe pour aller aux sources espagnoles de la guitare ?

Souvent on dit que la guitare égale Espagne. Mais la guitare c'est une guitare avec laquelle on joue aussi la musique de Bach, d'autres pays. Bien sûr il y a un répertoire espagnol mais ce n'est pas pour ça que je suis venu. Il y a plus important, il y a la culture et les professeurs. J’avais rencontré un musicien au Japon qui avait étudié à Londres qui m’a dit qu’a Londres c’étais très international et que je pourrais apprendre pleins de choses et décider après ou je peux m’installer. C’est ce que j’ai fait. A Londres, J'avais tellement soif d'écouter la musique classique que j’allais au Royal Festival Hall au moins 20 fois par mois. Je voulais vraiment développer ma culture musicale. A la guitare on n’a pas de répertoire écrit par les grands compositeurs. Je ne voulais pas être complexé, qu’on me considère comme un guitariste qui ne connaissait rien d’autre. J’ai passé le concours d’entrée à la Royal Academy of Music. Mais l’inscription est devenue tellement chère, que je n’y suis pas allé. Après je suis venu en France.

C’est la que vous êtes venu à Tarbes ?

Non, j’étais d’abord à Paris. J’ai étudié avec Alberto Ponce à 'École Normale de Musique. Et là j’ai rencontré Denis Abbate. J’ai pensé rentrer au Japon, mais j’avais envie de vivre quelque part. Denis m’a dit qu’il y avait à Tarbes une association qui cherchait un professeur. Et je suis toujours à Tarbes.

Et après la guitare, vous avez composé une centaine d’oeuvres

Pas une centaine, mais 300. Composer, c’est ma passion depuis mes 11 ans. Des petites mélodies, pour le collège. Mais comme je suis quelqu’un qui ne sait faire qu’une chose à la fois, quand je travaillais la guitare je ne faisais que ça. Je pensais que de gagner des prix de concours. Et puis un jour j’ai eu envie de composer un morceau pour mon cours de guitare. Une musique atonale dodécaphonique. J’avais envie de m’amuser avec cette technique. J’ai joué ce morceau à mon professeur de guitare et il a apprécié et pris ca très au sérieux. Ca s’appelait Mémoires d'Hiroshima et maintenant c’est édité. C'est là que je me suis dit que s’il trouvait que ça avait des qualités il fallait que je me lance.

300 d’œuvres qui vont du baroque au contemporain, de l’Europe à l’Asie

Il y a des gens qui composent toujours de la même manière. Pour moi, un artiste, c’est quelqu’un qui sait tout faire. Et puis quand je me suis mis à la composition, j’ai décidé de de ne faire que ça et de composer tous les jours. J’ai arrêté les concerts de guitare à 30 ans et j’ai composé en me tenant à ma règle, même quand on est fatigué on ne doit pas se laisser aller. Une sieste après les cours de l’après-midi, et j’avais la nuit pour composer jusqu’au matin. Je dinais à 7 heure en regardant Télématin. La persévérance c’est très important. Il ne faut pas attendre le jour ou on a envie de composer. Quand ça ne vient pas, j’écoute de la musique, je regarde des partitions et d’un coup ça vient.

Quels sont vos projets maintenant ?

J’ai pris ma retraite au début de l’année. J’ai dix ans pour réussir quelque chose. Je me suis mis à la flûte et au traverso, une flûte traversière baroque, 8 heures par jour. Et je dessine. J’ai commencé il y a quelques années parce que je trouvais mes murs trop blancs. Maintenant je copie des grands artistes pour voir si je suis capable de ce genre de chose. Un dessin tous les deux jours. Et j’ai envie de voyager. J’ai aussi envie de filmer, de faire Youtubeur et de passer ma musique derrière.

Plus de projets musicaux ?

Si. Le 6 octobre, on fait un trio avec Denis Abbate et Julien Legrand. C’est pour moi un concert d’adieu en tant que guitariste. Les concerts préparés, c’est vraiment trop de stress et je dois tout laisser tomber autour. Et j’ai d’autres projets. Comme Marie Burou, la professeure de mandoline du conservatoire qui m’a demandé une création musicale pour mandolines et orchestre d’harmonie. Ca faisait longtemps que je n’avais pas composé, mais je m’y suis remis. C’est écrit, ils travaillent et ca sera présenté en décembre à Ibos. C’est une pièce sur l’ouverture du japon à l’occident vers 1870. Je voulais m’exprimer sur cette acceptation avec une musique qui commence très japonaise et nostalgique, avec des solos de mandoline pour aller vers un final très bordélique avec la culture occidentale qui arrive.

Pour écouter Takashi Ogawa

Il sera en concert avec Denis Abbate et Julien Legrand à l’Auditorium Gabriel Fauré du Conservatoire Henri Duparc le 6 octobre prochain. Avec un programme composé de trois œuvres qu’il a composé et qu’il interprètera. Son dernier concert à la guitare annonce-t-il. Après on pourra écouter sa production jouée par d’autres comme sa création pour mandolines et orchestre d’harmonie qui sera présentée au public le 2 décembre à Ibos dans le cadre de concerts pour la Sainte-Cécile.

Ses compositions sont aussi très présentes sur Internet, avec des orchestres du monde entier. Comme Japanese Seasons interprété à Los Angeles, sa Suite espiègle pour clarinette et guitare ou l’Élégie pour la stèle d'un inconnu joué par le jordano-canadien Tariq Harb.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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