Sa programmation aussi éclectique que généreuse en a fait un repère de la musique dans tous ses états, à Tarbes, en Hautes-Pyrénées. Et bien au-delà, comme le montre les mails des groupes qui demandent à Jean-Louis Abbadie s’ils peuvent faire escale au Celtic Pub. Et des musiciens comme Eugene Chadbourne avec sa bio sur Wikipédia longue comme un bras quand il traverse l’Atlantique pour tourner en Europe. C’est comme ça que deux jours après un article dans Libération, il était au Celtic entre le Sonic Protest Festival à Montreuil et des concerts à Villefranche-de-Rouergue, Bordeaux et Poitiers. Un exemple qui n’est pas isolé, avec plus de 150 groupes et autres formations musicales qui passent au Celtic pub chaque année. Du jazz en bonne et due forme ou complètement expérimental, du hardcore tarbais ou venu de Corée du Sud. Des jams du conservatoire, des canteras, des afters, before ou dans le in des festivals tarbais. Et du rock, encore du rock, souvent du rock. Rencontre avec ce stakhanoviste du concert et adepte dans la musique dans tous ses états.
Comment t’es-tu lancé dans cette aventure en 2006 ?
Je voulais avoir un lieu pour faire des concerts, par forcément un bar. Mais l’activité de l’un permet l’autre. Il y des bars qui mettent de la musique pour vendre de la bière. Au Celtic c’est le contraire.
Comment on arrive à une programmation aussi dense et éclectique ?
En fait je ne fais pas la programmation, elle se fait tout seule. Je reçois des propositions par mail, et je rempli l’agenda du Celtic comme ça. Je fais le lien entre des groupes qui ont envie de jouer, dans les conditions d’un bar, et le calendrier du Celtic. Des groupes locaux, mais de moins en moins. Des groupes de Toulouse, des groupes qui passent par Tarbes entre San Sebastian et Toulouse.
Et on retrouve des gens comme Eugène Chadbourne à Tarbes deux jours après un article dans Libération !
Il était déjà venu au Celtic il y a 15 ans et il m’envoie un mail pour revenir ! C’est comme ça. Les groupes qui viennent ont envie de revenir, les autres ont entendu parler du Celtic. Comme un groupe qui venait de Saint-Pétersbourg qui avait eu mon mail par un autre groupe qui est venu. Ça me fait plaisir de savoir que quelque part à des milliers de kilomètres, il y a des gens qui pendant 2 minutes vont parler de Tarbes et du Celtic.
Est-ce que le public est aussi éclectique que la programmation ?
Il y a des habitués qui viennent écouter ce qu’il y a, quel que soit le programme. Il y a un public qui correspond à un style de musique. Il y a des gens qui viennent, quelquefois de loin pour voir un artiste en particulier. Et ceux qui viennent par hasard, parce que c’est un bar.
Différents publics, mais toujours une écoute saluée par les artistes !
Ça ne s’est pas toujours fait tout seul. Quand quelqu’un parle trop fort, je viens, je lui parle en chuchotant et il comprend qu’il est seul à parler fort et qu’il y a un artiste qui joue. Mais quand les gens entrent dans le bar, qu’ils voient comme le public écoute les artistes seuls dans le faisceau de lumière, ça suffit pour qu’ils comprennent comment on écoute ici.
Est-ce qu’il y a des concerts qui ont marqué le Celtic ?
Tout le temps, tous les jours. Je n’ai pas envie d’en mettre un particulièrement en lumière. Tous les concerts apportent quelque chose, qu’il y a du monde ou pas.
Comment son payés les artistent qui jouent au Celtic ?
On parle de rémunération au chapeau, c’est à dire que le public donne ce qu’il veut. Un peu, rarement beaucoup. Ou rien du tout. « Si je laissais le chapeau à l’entrée, il n’y aurait pas grand-chose dedans. Mais je m’en occupe, je passe voir les spectateurs à la fin du concert pour que le chapeau se remplisse. Et j’ajoute une contribution significative de la part du Celtic Pub pour que les groupes soient correctement rémunérés. Sans compter que la bière, la nourriture. Et le logement pour les groupes qui font escale à Tarbes ».