Dans son atelier-cabane d’Ayzac-Ost, Doris Parolo est bien entourée. Par un bestiaire improbable fait de racines ou morceaux de bois lavés par le temps, de fil de fer et de bijoux. Par de toute petites femmes en buste que ses doigts ont fait émerger de la terre brute. Par des plaques de grés émaillé aussi travaillées que colorées. Un environnement qu’elle s’est construit qui l’accompagne au gré de ses inspirations créatives. Rencontre avec Doris Parolo.
Clothilde , Neyla, Flavia. La femme occupe un grand espace dans votre production. C’est une femme militante ou une femme esthétique ?
Les deux. Ce sont des femmes qui agissent, des femmes fortes. Tout ce que je fais est lié à une histoire. Comme les bronzes que j’ai fait lors de stages. Une déesse égypto-africaine et une Eve moderne qui ne donne pas la pomme et qui défie le serpent. Comme Neyla en grés noir avec un émail d’or. Comme Eos de la mythologie grecque, la déesse de l’aurore, du matin, celle du rouge au ciel. Il y a les amazones aussi.
Vous liez toujours vos oeuvres à une histoire ?
Oui, c’est une déesse de la mythologie grecques. Ou je prends une référence à des contes de fées. C’est aussi une autre mythologie. J’aime l’esthétique, la déco ou la haute-couture je trouve ça incroyable. Mais je trouve que ça ne suffit pas. Mythologie, conte de fée, je veux que ça soit l’expression de quelque chose. Il y a toujours une histoire.
Comment travaillez-vous ?
C’est très instinctif. Je n’ai pas appris la sculpture et je suis en grande partie autodidacte. Je commence par la tête et je teste pour voir s’il y a quelqu’un qui vient. Quelqu’un qui sort de la terre et qui parle au spectateur. Si ca ne vit pas, je replie tout de suite et je recommence tout de suite.
Pour dire quoi au spectateur ?
Ce qu’il dit aux spectateurs, je ne sais pas, ça appartient à chacun. Mais je veux que le spectateur ressente quelque chose quand il regarde, je veux qu’un dialogue commence. Même si ça peut être négatif. Il y a des gens qui n’aiment pas mes vautours ou mes araignes, il y a des gens qui n’aiment pas la terre noire. Même dans ce cas, c’est une réaction à ce que le spectateur voit. C’est ce que je veux déclencher.
Dans votre atelier, on découvre des oeuvres beaucoup plus variées que dans vos exposition comme à l’Abbadiale à Arras-en-Lavedan
Oui, j’ai fait des bijoux, des cartes, des petits carrelages pour faire des miroirs. A force de faire toujours les mêmes gestes, j’ai eu des tendinites aux deux poignets. C’était terminé. C’est a ce moment qu’est né une femme africaine, ma première sculpture avec des perles que j’avais faites enfilées. C’était à peine figuratif. Et je me suis dit tiens là il y a quelqu’un qui vient. Après il y a eu d’autres femmes perles, puis des Amazones, des Indiens. Et puis je me suis demandée si j(étais suis capable de faire des vrais personnages. Et j’ai commencé à faire des têtes. Ma première, c’est Ingrid. La tête est plate, c’est mauvais mais j’ai continué à travailler. J’ai fait beaucoup de choses que je n’ai plus, qui ont été vendues. Du gré noir, des arches avec des animaux avec du bois, des femmes en porcelaine comme Clothilde en porcelaine crue. Je dessine aussi. Je veux faire ça parce que j’aime le faire.
Les projets actuels de Doris Parolo
Je veux faire quelque chose en couleur pour l’été. J’ai un front de mer en céramique avec des êtres de la mer, des coquillages etc. Je vais faire un fond en racines très fines peintes. Tout est déjà préparé. Des oiseaux un peu fous, avec des couleurs. Je vais mettre aussi mon Mister T, un taureau fait avec une pièce de bois. Ça sera pour l’Abbadiale. Je vais aussi faire des bijoux pour la boutique Adonis à Argelès-Gazost. Et je voudrais faire du dessin, faire une nouvelle carte poste, mais il faut que je trouve un imprimeur que me convienne vraiment.