C’est un artiste aux multiples vies qui nous reçoit cette semaine. Successivement ou simultanément restaurateur d’oeuvre d’art, sculpteur, collectionneur d’art primitif, peintre, créateur de mobilier. Et bouquiniste rue du 19 mars 1962 à Bagnères avec ses livres anciens et d’occasion. C’est ainsi qu’il nous accueille entouré de livres anciens, de ses sculptures, de ses tableaux et de ses meubles dans sa boutique.
Etes-vous un sculpteur qui peint ou un peintre qui sculpte ?
J’ai toujours été dans l’ambivalence. Disons que si je devais collectionner des œuvres, je pense que j’irai d’abord vers la sculpture. Mais je suis à Moi je suis à la frontière des deux, tout comme le mobilier d’ailleurs. Voyez par exemple ces chaises, il y a un jour, un monsieur m’a acheté une des chaises. Et il m’a dit très malicieusement « je n’achète pas une chaise, j’achète une sculpture en forme de chaise ». Ca m’a fait très plaisir. J’ai ce côté sculpteur évidemment. Mais, j’ai dû me rêver peintre. J’essaye de composer avec ça. De toute façon moi c’est le matériau que je trouve, un objet de récupération en général, qui détermine ce que je vais faire.
On est entouré de livres, et même dans vos sculptures la feuille parait être la forme élémentaire
Le métal tel que je le travaille là est très épais, c’est de l’acier qui fait jusqu’à 2 cm d’épaisseur. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il donne l’impression qu’il n’a pas été découpé mais déchiré. Je l’obtiens grâce à une machine immense qui se trouve dans les casses industrielles. Je fais le choix de mes matériaux comme un IPN énorme et la machine le déforme et le déchire en même temps. C’est ce qui donne ce côté un peu tellurique dans le matériau qui me plaît. J’utilise aussi du métal comme je trouve, ca peut être dans le gave quand il quand il est en furie, qu’il va le rouler, le malaxer. La rivière arrive à donner l’impression d’un morceau de tissu ou d’un morceau de papier par ses plis. Je trouve ça magnifique et c’est un point de départ.
Comment arrivez-vous à cette forme ?
Ma formation initiale c’est la sculpture bois. J’ai appris les techniques académiques, aux Beaux-Arts, et sur le tas en restauration pendant 50 ans. Ca faisait quelques années que je travaillais sur des objets classés. Là il y a une exigence de posséder les techniques académiques qui est très élevées. Quand on restaure un objet d’art du 17e ou du 18e, on met son ego de côté et on applique des techniques avec énormément de rigueur. Mais quand je crée pour moi au contraire j’essaye de désapprendre. Pas les choses qui pourrait nuire à la durabilité de l’objet, je ne fais pas des mélanges qui vont avoir des effets désastreux. Mais au niveau formel, j’essaye de d’oublier tout ce que j’ai appris et de faire remonter à la surface autre chose. J’ignore au départ de quoi il s’agit. C’est en faisant que les choses apparaissent et m’intéressent.
Pour voir les oeuvres de Jean-Marc Luce
Inutile de parcourir les galeries, il les as déserté. Peu de chance de le voir dans une exposition, il ne les cherche pas. C’est dans Hétérodoxe, sa librairie de livres anciens que ça se passe. Parmi les livres et les CD, il expose quelques-unes de ses créations. de la sculpture métallique, des peintures et du mobilier. En plus, il est bien possible qu’il vous offre le café !
Hétérodoxe, 4 rue du 19 mars 1962 à Bagnères-de-Bigorre. Ouvert le jeudi de 14h à 18h et le samedi de 9h à 17h.