Ses oeuvres ont fait le tour du monde. Les pierres sonores dans le Parc National de Jirisan en Corée de Sud, La nuit des abeilles dans le parc Monceau à Paris, les lucioles solaires sur le site de mégalithes de Pleslin-Trigavou, Au fond du bois au musée de la chasse et de la nature à Paris après une résidence au Cameroun dans la forêt quasi-primaire, Les joueurs de flûte dans la forêt de Tijuca à Rio de Janeiro au Brésil. Des installations imaginées dans son atelier au coeur des Hautes-Pyrénées. Dans la forêt du piedmont pyrénéen, dans sa chère bambouseraie ou sur les rives de l’étang en contre-bas, il expérimente un rapport intime avec son environnement pour tirer de l’expérience, de la compréhension de la nature effervescente, une médiation artistique qui relie l’homme et la nature. Une association de technologie, d’ambiances sonores qu’il a captées ici ou ailleurs, de vrais morceaux de nature pour mettre à portée d’humains l’esprit de ce qui l’entoure. Rencontre dans son atelier d’Astugue avec Erik Samakh, artiste chasseur cueilleur de son état.
Qu’est-ce qu’un artiste chasseur-cueilleur ?
Comme tu le vois, puisque tu es là chez moi, c’est un mode de vie. Une manière d’être au quotidien au milieu des bois, d’avoir une pratique de la pêche, de la chasse, de la cueillette au milieu d’une forêt nourricière. Il y a pas de différence entre mon activité artistique et mon quotidien. Ma pratique artistique se nourrit du chasseur-cueilleur, ma pratique artistique est elle-même dans l’esprit du chasseur-cueilleur qui est opportuniste quand imagine des moyens d’arriver à ce qu’il veut. J’ai développé avec l’approche du chasseur cueilleur la technique de perche pour installer mes systèmes autonomes solaire et véritablement réussir à m’inscrire dans un paysage, dans la nature, dans la forêt ou dans un parc. Artiste chasseur-cueilleur, tout est lié.
Comment sont liés l’artifice technologique et la nature ?
La technologie est au service de l’artiste. Beaucoup d’installations que je fais dans les milieux naturels ou dans les parcs sont composés de modules qui sont comme des petits robots qui jouent tout seuls. Grâce à la technologie, je n’ai pas besoin de me multiplier par 20 et d’être toujours au rendez-vous. Mais pour parler de ce rapport, il faut que je remonte dans le passé, quand dans les années 80 j’étais un des plus jeunes artistes des nouvelles technologies en France. Je ne parlais pas de chasseur-cueilleur mais je travaillais déjà avec les éléments naturels comme à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon ou j’avais produit et présenté ma première installation interactive qui diffusait et multipliait des sons d’oiseaux, de cigales et de grillons que j’avais enregistré en Provence comme une espèce d’effervescence dans le petit cloître de la Chartreuse à partir de capteurs qui analysaient le climat.
Comment faire apparaitre la nature effervescente dans la nature façonnée du Jardin Massey ?
Quand j’enseignait à l’école d’art, j’avais remarqué à la tombée du jour qu’il y a plein de gens qui longent le Jardin Massey fermé à cette heure-là. Des gens fatigués, des gens éméchés, des gens pressés, de gens qui rentrent chez eux ou qui vont chercher leur voiture. J’ai eu envie que quelque chose attire le regard à travers les grilles, une espèce de truc un peu magique. C’est comme ça que j’ai conçu les lucioles, pour qu’il y ait des surprises, que ca apparaisse furtivement, pour que ça bouge avec le vent.
Ou voir les installations d'Erik Samakh ?
Les lucioles d’Erik Samakh ont investi le Jardin Massey le temps de l‘exposition Grandeur nature qu’il partage jusqu’au 4 février avec Lilian Bourgeat et Victoria Klotz. Des lucioles installées près des grilles du parc qui prennent vie tous les soirs quand la nuit tombe qui ont déjà trompé leur monde, puisque Erik Samakh raconte que les serveurs de la buvette ont cru que les lucioles se multipliaient au fil des jours ou l’artiste installait son dispositif.
Ceux qui seront à Paris avant le 23 janvier, pourront aussi voir une de ses installations à la Philharmonie.