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Isabelle Crampe (Lourdes)

Isabelle Crampe, une peinture spontanée et fascinante

Refus des projets et des conventions, la peinture est un champ libre ou l’intuition est la seule guide pour Isabelle Crampe.

Isabelle Crampe/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Isabelle Crampe/ Stéphane Boularand (c)Bigorre.org

Une porte sur la place du Champ Commun, un couloir sombre, une cour qui garde la fraîcheur et l’humidité même quand le soleil est écrasant. Et l’atelier aux murs recouvert par des peintures. Celles d’Isabelle Crampe, une artiste qui donne à voir ce qu’elle fait, ce qu’elle est. Une peinture à la dynamique primitive qu’elle livre sans fard et sans artifices, sans discours et sans se cacher derrière des références. Rencontre avec Isabelle Crampe dans son atelier.

En regardant vos peintures, on ressent que ce n’est pas qu’un travail de peintre, que vous allez au-delà. C’est votre approche ?

La peinture et la matière sont liées. J’utilise beaucoup la matière, le relief. Je ne fais pas de différence entre peinture, sculpture et écriture. C’est de la création et je peux naviguer là-dedans. J’ai choisi le chemin de la peinture, de la couleur, de la matière parce que ça m’apporte de la joie. Si on répond à une attente, si on se laisse prendre par ce qu’on peut attendre de nous, on se coupe de son propre mouvement intérieur.

Quelle est la place de l’écriture dans votre pratique ?

Le média n’est pas le même, mais ça procède du même mouvement. Je travaille beaucoup avec ce qu’on pourrait appeler la spontanéité. Je travaille sur le moment, je travaille sans projet. Je ne sais pas où je vais, que ce soit pour la peinture ou pour l’écriture. Je me mets devant une feuille et je laisse venir, devant une toile c’est pareil. J’ai eu une période où je mettais de l’écriture dans mes tableaux et puis l’écriture a disparu. L’écriture est devenue intime et la peinture est mon média privilégie. Aujourd’hui, ce sont des temps différents mais la peinture nourrit l’écriture et inversement.

Sans projet mais pas sans identité ?

Au fil du temps, on voit qu’il y a des choses qu’on aime bien explorer, on y va avec de plus en plus d’affirmations. Il y a des choses qu’on laisse de côté. Je travaille avec quelque chose qui serait intuitif. Je ne sais pas si on peut le dire comme ça, quelque chose qu’on laisserait venir quand on fait plus de projets, qu’on n’est pas dans le contrôle de ce qu’on va vouloir faire. Qu’on ne sait pas à quoi on va aboutir. Voilà ça laisse la place à quelque chose d’autre qui est plus intuitif. Et forcément c’est ça qui porte une identité.

Une intuition qui fait davantage la place à l’émotion plus qu’au message ?

Oui, je n’ai pas de message il n’y a pas de volonté dans mes dans mes productions. Le seul message serait "faites comme moi. Libérez-vous des représentations, libérez-vous des modèles à suivre. Essayer de trouver votre propre voix, votre propre voie". Ça serait ça le message mais ce n’est pas des peintures à message.

Comment avez-vous traversé les confinements ?

Ça a été compliqué au début, je n’avais plus du tout envie de créer. J’avais beaucoup de colère car je venais tout juste de commencer une exposition dans l’est de la France et on a dû tout remballer au bout de deux jours, parce que le message était qu’on ne servait à rien. Pendant deux ans il n’y a pas eu d’expo car je ne voulais pas revivre ce que j’avais vécu. Et ça m’a ça m’a permis de vraiment créer. Encore plus sans projet et c’est comme si quelque chose s’est encore plus libéré. Je trouve mes tableaux d’avant un peu rigides par rapport à ce que je fais maintenant où je balance de la peinture sur une toile libre.

Vous avez envie d’aller vers ou ?

En ce moment, j’ai une envie de faire des choses en volume. Je ne sais pas encore comment ça va se faire, mais c’est une envie d’explorer les trois dimensions.

Pour voir les œuvres de Isabelle Crampe

Après avoir exposé au Conservatoire Henri Duparc et à la médiathèque de Lourdes, il n’y a pas de grande exposition dédie à Isabelle Crampe prévue dans l’immédiat. Mais le public peut voir quelques peintures d’Isabelle Crampe à la Minoterie artothèque à Nay et dans les salles d’exposition permanente de l’Abbadiale à Arras-en-Lavedan. Il y a aussi son site Internet http://isabellecrampe.odexpo.com avec une belle sélection d’œuvres. On peut aussi aller voir Isabelle Crampe dans son atelier au fond de la Place du Champ Commun à Lourdes. Avec beaucoup plus d’œuvres dans des formats qui vont du petit tableau aux grandes toiles qu’elle nous a montré dans la cour devant son atelier. Il suffit de la prévenir en lui envoyant un mail à isabellecrampe@wanadoo.fr.

Propos recueillis par / ©Bigorre.org / publié le

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