Ils étaient en première partie des Fatals Picard il y a tout juste trois ans à La Gespe. La Naïade avait séduit le public tarbais avec un set de compositions dans la veine de la chanson française qu’ils promènent de fêtes de village en bars en passant par les scènes des Hautes-Pyrénées depuis 18 ans. On dit que pour les chats il faut multiplier l’âge par sept pour avoir un équivalent humain. C’est probablement bien plus pour les formations musicales qui ne sont pas nombreuses à atteindre cet âge qu’on serait tenté de qualifier de canonique. Nous avons rencontré Audrey la chanteuse et Stéphane le guitariste au bar restaurant Sortie 16 à Lannemezan pour une interview à deux voix, pendant que Jimmy l’accordéoniste était sagement resté chez lui absorbé par son rôle de papa.
Pour vous, quelle est la formule qui fait l’identité de La Naïade ?
Un trio, acoustique, de la chanson française. Un esprit festif, un répertoire fédérateur avec des standards que tout le monde connaît, des morceaux de la chanson française actuelle que beaucoup moins de gens connaissent car ça ne passe pas en radio, comme La Rue Kétanou ou Lili Cros. Ça mélange les publics et tout le monde retrouve à un moment donné quelque chose qui va connaître ou pas. Plein de choses qu’on aime, qu’on fait découvrir au public, et ça marche.
Le tout livré tout chaud sur scène !
Tout ce qu’on entend est live. Pas de séquence, pas de boîte à rythme. La basse c’est Jimmy avec l’accordéon, la grosse caisse c’est moi. On est complètement libre. Et on se connaît tellement qu’on peut improviser les autres vont suivre. On se fait plaisir, on fait plaisir au public.
Et vous avez aussi vos propres compositions comme celle qu’on a entendue à La Gespe
Non, on ne les joue plus tellement. On fait beaucoup de fêtes de village, de bars, pas beaucoup de scènes. Le fait d’être dans l’intermittence oblige à courir le cachet. Et le cachet ce n’est pas sur scène qu’on le trouve mais dans les fêtes de village et dans les bars. C’est un cercle vicieux : moins tu fais de compo, moins tu vas faire de scène.
Donc moins de compositions de La Naïade
Ça veut dire qu’il faut donner aux gens ce qu’ils attendent quand ils font la fête ou qu’ils passent une soirée en musique. Ils veulent de la reprise, parce qu’ils veulent s’amuser, ils aiment retrouver des morceaux qu’ils connaissent. Dès qu’on sort de ce répertoire, on sent que l’écoute n’est plus la même. Est-ce parce qu’ils écoutent et qu’ils sont attentifs ? Ou parce qu’ils n’aiment pas ?
La nécessité d’avoir assez de cachet pour garder le statut d’intermittent a tué vos compositions ? Il n’y a pas que ça, ce n’est pas la faute au statut. Il y a la difficulté à amener les gens à écouter des morceaux qu’ils ne connaissent pas. Et pour nous aussi. On a fait les musiques assez facilement, mais les paroles, c’est plus compliqué. Ça n’est pas évident d’écrire des super textes ! Bob Dylan, Gainsbourg. Que peut-on faire de mieux que "J’avoue j’en ai bavé pas vous, Mon amour" ?Une ambition sans doute déraisonnable qui empêche d’écrire ! Peut-être. Maintenant que vous posez la question, ça va nous amener à y réfléchir…