Des sections carrées qui s’élèvent comme des plantes géométriques. Du métal patiné par le temps, le vent et la pluie. Des sculptures qui nous dominent de toute leur hauteur. Aucun doute, nous sommes dans le jardin de l’atelier de Pierre Martin, alias « πima ». Un artiste qui travaille le métal en sculptures grands formats et designer de formation qui joue avec le métal pour proposer une collection de luminaires et de mobilier sur mesure. Nous l’avons rencontré dans son atelier de Layrisse.
Comment êtes-vous arrivé à ces sculptures métalliques aussi imposantes ?
J’ai commencé par l’ardoise, les matériaux locaux que j’ai travaillés pendant pratiquement 18 ans. J’ai appris la taille de pierre en marbrerie ici dans les Hautes-Pyrénées. Ça a été une imprégnation avec les Pyrénées, j’ai rencontré les ardoisiers, j’ai utilisé des marbres locaux. J’étais attaché au minéral et au paysage. Mais je travaillais l’ardoise de plus en plus comme des bas-reliefs. L’apogée c’est le triptyque qui est à la mairie de Juillan formé de trois panneaux d’un mètre par deux en ardoise et en bois. Et puis à un moment dans mon parcours, j’avais besoin de faire du nouveau et de libérer ma création. Je suis sorti de ces de ces matériaux 2D. Je me suis mis à l’acier qui m’a
Et pourquoi des grands volumes ?
Je voulais faire des grands formats car le propos de la sculpture à petite échelle reste un peu ténu. Quand on passe en en gros volume, vous avez un rapport au corps qui est net, avec des masses très présentes, des porte-à-faux plus importants et plus saillant. Le rapport entre le spectateur et la sculpture devient beaucoup plus clair. On doit tourner autour, on apprécie mieux les volumes. C‘est le spectateur qui est pris dans l’environnement de la sculpture et pas l’inverse. Et puis les sculptures monumentales sont en extérieur avec la lumière du jour qui est intéressante. L’interaction entre la sculpture et son environnement en fait un objet architectural qui va dialoguer avec le format des autres volumes. Une fois qu’on a goûté à la sculpture monumentale on peut plus revenir au petit format.
Il y a des sculptures en montagne ?
C’était pour une vidéo. Mettre une sculpture en montagne participe aussi de d’une volonté d’avoir de la sculpture en liberté. Mon travail est très abstrait avec un langage de forme assez prismatique, un aspect anguleux, hiératique, l’arête comme un cristal. Je rêverais d’avoir une pièce au sommet qui va prendre les intempéries qui va devoir résister. C’est un peu vaniteux mais pour moi c’est le cadre naturel de la sculpture. Des lignes pures, des arêtes bien marquées, un contraste entre ombre et lumière quand le paysage est dégagé et le soleil du matin ou du soir éclaire avec une lumière rasante.
Les contraintes de fabrication n’entravent pas la créativité ?
La contrainte est créative, c’est le b. a.-ba de la créativité. On fait des expériences avec la matière, les masses, avec les vides, avec les découpes, la densité. On peut mettre la pièce dans une situation en plein vent à tel endroit ou fixer au sol à tel autre. Et la couleur aussi pour une sculpture que j’expose au château de Bosc à Domazan avec un rouge thermolaqué qui souligne les angles et les faces.