Alors que la plupart des formations jazz se cantonnent au trio ou au quartet, le Big Band 65 explose le format avec pas moins de 18 musiciens sur scène pour faire sonner les standards du jazz. Aussi Big que Band, il permet de retrouver la palette instrumentale et le swing d’orchestre qui de Duke Ellington à Count Basie en passant par Glenn Miller ont fait danser l’Amérique. Et le reste du monde aussi. Et même s’il est imposant et que son répertoire est ancré dans le passé, la formation n’a rien d’un dinosaure comme l’a montré le Big Band 65 avec son nouveau chef Meidhi Firah lors de son concert au théâtre des Nouveautés il y a quelques semaines avec un répertoire renouvelé avec des compositeurs contemporains. Rencontre avec Jean-Christophe Kauffmann, président de l’association du Big Band 65.
Qu’est-ce qu’un Big band ?
Un Big Band, c’est une grande formation de jazz avec une section cuivre, avec des trombones, des trompettes. Des saxophones des bois. Une section rythmique avec un piano, guitare, basse et batterie. Il y a un chanteur et un chef. On est 18 au total. C’est un grand ensemble qui mérite bien son nom.
Avec un répertoire planté dans les années 40 ?
Je ne suis pas spécialiste de l’histoire du jazz. Mais c’est je sais que c’est effectivement à cette époque que les grandes formations faisaient danser les gens aux Etats-Unis.
Qu’est-ce qu’un Big Band à Tarbes en 2022 ?
On a un répertoire qui dépasse les années 40. On joue de tout, des grands classiques à des morceaux contemporains. Et il n’y a pas qu’un jazz. Il y a des rythmes africains, des rythmes cubains, de la salsa. On peut jouer du Big Phat Band avec des rythmes très punchy, du be-bop. C’est vraiment très varié. Le concert qu’on a donné dernièrement a donné la parole à des compositeurs actuels de Sylvin Marc qui a proposé des compositions nourries de rythmes africains à Jacky Berecochea avec des propositions plus classiques, plus swing.
Jouer à 18 apporte plus de liberté ou plus de contraintes ?
La contrainte est liée aux partitions. Quand on joue à 18, on a besoin d’une partition. Il y a des espaces d’improvisation pour des solos, mais tout le reste est écrit sur les partitions. Ça peut être frustrant pour des musiciens de jazz habitué au trio ou au quartet habitué à partir d’un thème pour jouer en improvisation. Mais c’est justement cette cohésion de groupe qui fait que ça sonne. Quand tout le monde part en même temps, que tout le monde joue sa partition, on est comme un seul instrument. Même si on est 18 à jouer, en forme un seul instrument. C’est quand on arrive à ce niveau de perfection que le big band sonne. On a alors un jeu de sonorité extraordinaire. On peut mobiliser plein de registres différents comme la délicatesse, la puissance, le volume. C’est un mélange d’individus qui se regroupent pour former une seule entité qui s’appelle big band. Il y a un effet de groupe comme une équipe sportive. Comme en foot, en volley ou en basket, on amène des personnalités différentes, quelquefois de niveaux différents à participer collégialement à une unité.
Vers quoi avez-vous envie de faire évoluer le Big Band 65 ?
C’est une question qu’on se pose après chaque concert. On a beaucoup de mal à avoir des dates de concert. C’est une formation qui peut faire peur parce qu’on ne connait pas la diversité du répertoire, parce qu’il y a 18 musiciens, parce qu’on ne comprend pas le jazz. La preuve en est qu’on est amené à organiser nous même les concerts la plupart du temps.