Le PDG de Daher vient tout juste d’offrir une de ses œuvres à Florence Parly, la Ministre de la Défense venue lundi visiter le site haut-pyrénéen. Une peinture de Laurence B Henry d’un des quatre TBM 940 livré par l’ex-Socata à la Direction générale de l’armement vu de trois-quarts, avec en avant sa casserole d’hélice tout en chrome qui reflète l’horizon entre le bleu du ciel et le gris du tarmac. Le reste de l’avion est dans la même veine avec mille détails et encore des reflets, sur la peinture brillante de la cellule, sur le métal brillant de l’échappement de la turbine. Une acrylique sur toile qui rivalise avec le réalisme d’une photo, avec en plus la liberté de l’artiste de montrer ce que la photo peinerait à révéler comme les détails du train d’atterrissage à l’ombre de l’aile et les reflets limités par la profondeur de champs de l’objectif. Une peinture hyperréaliste fascinante qui nous propose une vue maitrisée par l’artiste là ou même les retouches peinent à débarrasser le cliché des scories de la technique du photographe. Nous avons rencontré la discrète Laurence B. Henry samedi dernier dans son atelier à Laloubère.
Comment êtes-vous arrivé à faire des peintures comme ces avions hyperréalistes ?
J’ai commencé par l’automobile car je viens d’une famille de passionnés de l’automobile. J’ai été attirée par toutes les matières, les chromes, les métaux brillants ou pas, les reflets qu’ils font, les transparences aussi. Et j’ai retrouvé tout ça avec les avions.
Quels sont vos sujets de prédilection ?
Beaucoup de choses. Peut-etre davantage les avions militaires plutôt récents, même si je travaille actuellement sur le Morane-Saulnier Type L que je suis allé voir à l’aérodrome de Laloubère.
Comment vous travaillez ?
Je travaille avec des photos. Quand je peux je vais les prendre moi-même avec des plans larges et des plans plus serrés sur des points particuliers. Et je retourne dans mon atelier pour peindre avec les clichés sur une tablette que je fixe sur le côté pour voir les photos et zoomer pour saisir tous les détails.
Quelle technique de peinture utilisez-vous ?
Essentiellement de l’acrylique et quelques dessins au crayon. L’acrylique me convient bien car ça sèche assez vite et que ca ne sent pas mauvais.
Pourquoi cet attrait de l’hyperréalisme ?
Je ne sais pas. La perfection en fait. J’ai envie de les rendre les plus parfaits et les plus réels possible.
Plus réels que la photo ?
Oui, je peux garder des détails que la photo ne montre pas bien. Je truque l’image pour que les reflets soient encore plus beaux, que les carrosseries soient encore plus brillantes. J’accentue le contraste ou au contraire je l’atténue pour garder l’essentiel et rendre des détails encore plus parfaits.
Ce que vous appelez truquer, c’est votre regard d’artiste, votre vision d’un réel !
Oui, c’est vrai. Ce n’est pas flagrant, mais dans ma peinture j’apporte ce qu’il faut pour mettre en valeur la beauté des lignes, des courbes, montrer la richesse des reflets et des matières. Il y a des rouges, des chromés, des dorés incroyables. Finalement, représenter une perfection qui n’existe peut-etre pas.
Que signifie pour vous le titre de Peintre de l’air et de l’espace ?
C’est d’abord une belle reconnaissance car nous sommes peu nombreux à l’avoir. Je les ai tous admiré des années avant de les rejoindre. Et puis ça nous donne l’accès à des bases aériennes comme celle de Mont-de-Marsan ou je vais aller le mois prochain. Et à des expositions organisées par l’armée de l’air.
Vous exposez actuellement au Bourget et à Colombey-les-Deux-Églises. Pourquoi pas en Hautes-Pyrénées ?
J’ai exposé au restaurant de l’aérodrome, mais je n’ai pas eu d’échos à mes démarches auprès des autres lieux d’exposition d’ici.