La proposition est alléchante. Prenez L'avare et Le bourgeois gentilhomme, deux pièces archi-classiques de Molière qu'on a lu, vu et étudier dans nos jeunes années comme tous les collégiens et lycéens de France et de Navarre. Mettez-les entre les mains des TG Stan, troupe flamande bien connue des spectateurs du Parvis pour leur liberté et leur capacité à faire sortir les textes du cadre dans lequel on a fini par les enfermer. Comme avec l'ébouriffante Cerisaie de Tchekhov qu'on avait vu il y a cinq ans ou les Trahisons de Pinter interprétées au scalpel l'année dernière. Pas étonnant que le public ait répondu lundi et mardi aussi massivement que le permet cet automne covidé pour ce Poquelin II qui vient tout juste d'être crée en version française à Toulouse, trois ans après sa création en flamand.
C'est de prime abord un Avare déjanté qu'on savoure, revisité avec une dérision décapante et un humour ravageur qui prend ses racines quelque part entre les Marx Brothers et les Monty Python. Drôle de références anglo-saxonnes pour un humour savoureusement belge. Une interprétation qui s'empare de nos références nationales pour donner la part belle à une farce nourrie au waterzooi et à la carbonade. Une énergie et une folie auxquelles le public ne résiste pas. Mais au-delà de la gourmandise, les tg STAN nous livrent un patrimoine théâtre libéré de la naphtaline qui l'entoure pour retrouver une liberté qu'on avait oublié. Et une fois de plus les tg STAN nous amènent la ou on ne les voit pas venir, au plus près du texte. Superbe.