On a vu Leo

C'est un étonnant spectacle qui a été présenté au public samedi soir. Sur la scène du studio du Grand Théâtre de Shanghai un cube fermé sur 4 cotés et un écran. Dans le premier espace Léo est allongé au sol avec sa valise dans le prolongement de ses fesses et les pieds appuyés contre le mur. Sur l'écran, la même scène filmée par une caméra placé devant le cube. Une caméra tournée d'un quart de tour. On voit donc Léo assis sur sa valise, les pieds solidement plantés sur le sol. La gravité qui sur notre planète nous attire irrémédiablement vers le sol est prise en défaut avec ces deux images qui nous racontent une scène différente. Une délicieuse idée qui nous invite à suivre Leo dans ce Léo qui se joue de la gravité pour nous proposer des images impossibles dans un monde cloué au sol. Tobias Wegner fait des pompes d’une facilité déconcertante et réalise enfin le rêve des danseurs classiques qui travaillent depuis des siècles pour s'élever, voler et donner l'apparence d'échapper à la pesanteur. Léo lui peut faire un saut, faire un ralenti, s'arrêter avec une facilité qui l'étonne lui-même. Mais ce qui aurait pu être une bonne idée qui essouffle en quelques minutes prends réellement corps quand d'un trait à la craie il dessine des chaises, une table sur lequel il va s'appuyer pour nous emporter dans un monde qui ne peux pas exister. On renonce à savoir ou est la pesanteur, on renonce aux repères pour le suivre sans réserve dans un spectacle plein d'humour et de poésie. Fascinant.