C’est devant des Ateliers remplis jusqu’à la dernière chaise que Tiago Rodrigues a présenté By Heart au public tarbais. Un spectacle intime par sa configuration dans la petite salle du Parvis, et par la narration de Tiago Rodrigues qui ouvre le spectacle avec la requête de Cändida, sa grand-mère grande lectrice devant l’éternel qui sur le point de perdre la vue lui demande de choisir un ultime livre qu’elle pourrait apprendre par cœur. Un point de départ qui est un point d’appui pour une démonstration de la puissance collective des livres et des lecteurs.
Tiago Rodrigues s’entoure de 10 volontaires du public pour convoquer l’écrivain américain George Steiner et de citer - par cœur évidemment - son intervention dans De la beauté et de la consolation. Le début d’une narration en mille-feuilles entre l’histoire personnelle de Tiago Rodrigues, le récit du récit de George Steiner, et ce qu’il se passe sur scène à Tarbes. Se mêlent Nadejda Mandelstam qui résiste en transmettant les poèmes de son mari mort dans un camp en Sibérie à des groupes d’une dizaine des relais. Boris Pasternak qui porte haut ses valeurs en échappant à une arrestation pourtant annoncée lors du Congrès des écrivains soviétiques en réduisant son intervention à un simple « 30 » relayé par 2000 spectateurs qui déclament le sonnet 30 de Shakespeare comme une réponse irrépressible à toutes les oppressions. Un sonnet que Tiago Rodrigues entreprend de transmettre au cours du spectacle aux 10 spectateurs tarbais assis sur scène et qui sera le dernier livre que Cândida lira. Une démonstration brillante de la force des idées portées par l’intelligence collective.