C’est sans doute en pensant à l’espace temporel que Rachid Ouramdane a appelé son spectacle « tordre ». Il faisait manifestement référence aux théories d’Albert Einstein sur la relativité qui montrent que l’écoulement du temps n’a rien de linéaire, contrairement à l’impression qu’il donne. Les équations montrent que plus on se déplace vite plus le temps s’écoule lentement. Mais c’est normalement imperceptible pour ceux qui n’ont pas sous la main un accélérateur de particules. Normalement imperceptible, sauf mardi soir sur la scène du Parvis ! Le public tarbais a pu assister bouche bée à l’éclatante démonstration de cette dilatation temporelle et constater sous ses yeux ébahis que plus la danseuse tourne vite, plus le temps passe lentement. Et très logiquement l’heure de spectacle résultant dure une éternité. C’est scientifiquement démontré et l'expérimentation se révèle interminablement convaincante.
C’est d’ailleurs le principal intérêt du spectacle qui ne nous procure pas la « plongée intime et pudique, où le chorégraphe veut saisir l’invisible du danseur » qui nous avait été promise. Deux danseuses qui alternent des solos. Il y a bien sur la performance, celle d’être capable de tourner comme une toupie pendant un quart d’heure. Mais il faut aussi saluer la performance du public qui reste tout ce temps à regarder le spectacle avec une attention presque parfaite. On a aussi le temps de regarder le décor, la salle, le spectateurs de devant, ses propres pieds. Sans doute un égarement temporaire, un errements passager de l’attention, une parenthèse sans durée. Et comme ce spectacle est une preuve expérimentale implacable de l’élasticité temporelle, on peut bien se permettre un petit écart de temps en temps.