On nous avait prévenu, malgré le titre la pièce présentée au Parvis mardi et mercredi dernier n’était pas sur le mode tristesse et mélancolie. Face au deuil de leur père un frère et une sœur vont plonger corps et âme au plus profond d’eux pour remonter de temps, échapper à leur responsabilité d’adulte et renoncer à affronter une réalité que ni l’un ni l’autre ne veux ou ne peux assumer. Parce que la disparition de ce père va bouleverser un quotidien bâti autour de lui ou parce que cette dissipation rappelle des racines que la vie et la distance ont déjà bien affaibli. Alors que reste-t-il sauf un flamboyant baroud d’honneur d’une enfance en voie de dissipation.
C’est le sens de la scénographie encombré d’étagères peuplées de poney et des têtes à coiffer qui donne une atmosphère fantastique entre rêve et cauchemar ou on s’attend à voir ces jouets entrer dans la danse. C’est aussi le sens de la mise en scène de Caroline Guiela Nguyen qui aborde ce chagrin en n’en parlant que par petite touches, pudiquement et délicatement posées entre les phases de régression complètement décomplexées et délicieusement foutraques qui évacuent la violence des émotions. Autour du frère et de la sœur personne n’ose vraiment briser cette folle parenthèse gagnée sur le temps inéluctable. Dans cet univers à la dérive seul le croque-mort – pardon de conseiller funéraire – viendra rappeler que tout cela n’est qu’une illusion et que demain la réalité reprendra ses droits. A moins qu’on ne préfère in fine rester définitivement dans ce monde parallèle…