« What the body does not remember » de Wim Vandekeybus arrivait avec la réputation d’une chorégraphie sauvage, enragée et engagée qui a bouleversé le monde de la danse quand elle a été créée en 1987. C’est effectivement ce qu’on vu mardi soir sur la scène du Parvis avec dès les premières minutes du spectacle des danseurs dont les mouvements sont en phase avec les percussions manuelles. Une superbe scénographie, une tension qui sera la colonne vertébrale tout au long du spectacle, le tout servi par l’impressionnante énergie des neuf danseurs parfaitement synchronisés. On pourrait s’arrêter là, avec le sentiment d’avoir vu un bon spectacle et d’avoir passé une soirée agréable.
Mais ce que propose le chorégraphe flamand va bien plus loin. En jouant avec cette énergie, cette tension, la chorégraphe joue avec les limites de la forme. Il pousse ses danseurs dans leurs derniers retranchements. En ajoutant le risque de danser en lançant des blocs de pierre il donne un nouveau sens au « Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus » de Pina Bausch. La danse devient nécessaire pour échapper aux blocs de roche lancés, nécessaire pour continuer à exister, en un mot vitale. What the body does not remember prend alors sa véritable dimension. Près de trente ans après sa création, ce spectacle de Wim Vandekeybus donne à voir cette urgence du mouvement avec une puissance toujours aussi fascinante qui change sans aucun doute le regard sur la danse.