Avec une pièce de Labiche, on a déjà des images de vaudeville avec ce que ça comporte de rythme ébouriffant, de rebondissements et de portes qui claques. Il y a bien tout ça dans le texte de « La poudre aux yeux » ou les perspectives de noces d’Emmeline et de Frédéric vont être l’occasion pour les Malingear et les Ratinois d’élaborer des stratégies pour faire de ce mariage une réussite bourgeoise. Certainement la plus grande pièce de Labiche.
Mais avec « Das Weisse vom Ei - Une île flottante », le metteur en scène suisse Christoph Marthaler nous propose de retrouver l’humour de Labiche là où on ne l’attend pas. Un contre-pied qu’il prend dès le début de la pièce avec une scène d’ouverture tout en ralenti, à l’opposé du rythme endiablé du vaudeville. On n’est plus très loin de la Cantatrice Chauve de Ionesco. Un non-sense bien anglais qui nait de la rencontre de bourgeois franco-allemands. Marthaler renverse les codes pour faire apparaitre ce que la pièce à de plus loufoque, pour inverser le temps et faire de Labiche le digne héritier de Tati et des Marx Brothers. Deux heures et demie d’un théâtre qui se déguste avec le même plaisir mouvant que l’ile flottante annoncée. Un véritable régal !