Son Ubu enchainé de Jarry avec Eric Cantona avait laissé une impression très mitigée du début de la saison. Avec La comédie des erreurs, une pièce de jeunesse de William Shakespeare qui n’est pas souvent montée, on retrouve tout ce qu’on aime dans le théâtre de Dan Jemmett : son humour resté bien britannique, son gout prononcé pour le décalage festif et sa direction d’acteur souvent qualifiée de brillante. Des qualités qui lui permettent de redonner au comique de cette pièce une efficacité tout à fait surprenante.
Imaginez une farce qui se déroule à Ephèse transposée dans un dancing quelque part entre des pompes à bière et des toilettes mobiles alignées au fond de scène. Le texte de Shakespeare est toujours là, mais il suffira que la sono déverse les premiers riffs du Walk like an egyptian des Bangles pour saisir ce que cette Comédie des erreurs basé sur le quiproquo est devenue entre les doigts de dan Jemmett. C’est parti pour deux heures de douce folie ou les quinze rôles du texte seront interprétés par cinq comédiens à un rythme époustouflant. Une configuration qui transcende le texte et qui pousse les comédiens hors des sentiers battus. On se régale à voir ce théâtre-là qui sait libérer quatre siècles après l'esprit débridé de Shakespeare !