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Politique culturelle / élections législatives en Hautes-Pyrénées 2022 / Grégory Korn

Nous avons interrogé Grégory Korn (NUPES) qui candidate aux élections législatives en Hautes-Pyrénées sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections législatives en Hautes-Pyrénées

Le regard sur de la politique culturelle conduite par Emmanuel Macron lors de son premier mandat et son projet pour le mandat qui commence :

* Bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.

* L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.

* Le rayonnement culturel de la France est-il suffisant ?

La position vis-à-vis des objectifs de politique culturelle du Président de la République qui vient d'être élu ?

* Considérez-vous que ses objectifs définissent la politique culturelle que vous souhaitez pour notre pays ?

* Quels objectifs soutenez-vous ?

* Quels objectifs voudriez-vous promouvoir ?

* Comment souhaitez-vous que cette politique culturelle se concrétise en Hautes-Pyrénées ?

* Quelle vision de la culture en Hautes-Pyrénées souhaitez-vous porter à l'Assemblée Nationale ?

Réponse de Grégory Korn (NUPES)

Grégory Korn
Grégory KornVictoria Klotz
Victoria Klotz

Bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.

Le mandat d’Emmanuel Macron a poursuivi le désarmement du ministère de la culture : absence totale de direction politique, obsession réformatrice qui démantèle les services, gestion du patrimoine confiée à un présentateur télé, programme « monde nouveaux » confié en sous main à un commissaire d’exposition, plan de relance qui oublie les secteurs les plus en difficultés, improvisation autoritaire dans les protocoles sanitaires…

Si le fond de solidarités aux entreprises et le chômage partiel a permis de soutenir le secteur pendant la crise sanitaire, aucune réflexion n’a été engagée sur le fond, l’argent a été distribuée à l’aveugle, renforçant les inégalités du secteur.

Le pouvoir macroniste considère les arts et la culture comme de simples éléments de consommation (pass culture) ou de communication (Micro-folies).

Pendant ce temps là, les fondations et les grandes entreprises font main basse sur les biens communs des arts et de la culture : Pinault, Bolloré, Netflix, Amazon...

Dans tous les domaines, le sentiment est le même : le pouvoir central a abandonné le service public de la culture en France. Preuve en est : les communes sont les collectivités qui dépensent le plus en matière de politique culturelle.

L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.

Les DRAC privilégient les projets d’Education Artistique et Culturelle sur les territoires par des conventionnements pluripartites, avec des partenaires divers : organismes agricoles, hôpitaux, la justice, l’université….... La méthode a le mérite de soutenir financièrement des projets adaptés aux territoires et de créer des synergies transversales. On a vu ainsi ces dernières années se multiplier des propositions de résidences-mission pour des artistes à des fins éducatives. Ces résidences ne consistent plus pour les créateurs à produire des oeuvres et faire partager le processus de création aux élèves. Mais essentiellement à parler de création devant un public. Ce qui n’est pas la métier des artistes, mais des médiateurs culturels. C’est une logique déjà à l’oeuvre depuis une vingtaine d’années où les politiques culturelles emploient des créateurs pour pallier au travail social et éducatif. Une formation AIMS (Artiste Intervenant en Milieu Scolaire) a même était mise en place par le ministère, elle concerne 5 écoles d’art en France mais forme seulement 8 étudiants par an.

Le Haut Conseil de l’Education Artistique et Culturelle (HCEAC) a mis en place un label pour les collectivités qui portent un projet ayant pour objectif de proposer un accès à une éducation artistique et culturelle à l’ensemble des jeunes de leur territoire, de la petite enfance à l’université. Encore une fois, la stratégie est de récompenser les territoires qui prennent des initiatives, mais il n’y a pas de politique d’éducation artistique pour l’ensemble des enfants et adolescents scolarisés en France. On observe donc une inégalité d’accès à la culture et à l’art en fonction de là où on habite.

Le rayonnement culturel de la France est-il suffisant ?

Le rayonnement culturel de la France s’accomplit aujourd’hui dans une logique néocoloniale de vente d’expertise culturelle et néolibérale de vente de marque (ex : Louvre Abu Dhabi). Nous pensons que la culture doit plutôt être un levier d’émancipation et de rayonnement au service de la paix. Il nous faut revenir à une vraie politique de coopération culturelle, en renforçant le réseau des Instituts et Alliances françaises à l’étranger.

Considérez-vous que ses objectifs définissent la politique culturelle que vous souhaitez pour notre pays ?

Non

Quels objectifs de son projet soutenez-vous ?

Aucun

Quels objectifs voudriez-vous promouvoir ?

La bifurcation écologique fait partie des grands défis que nous devons relever. Le service public de la culture doit y tenir une place cruciale : l’objectif est d’inscrire les arts et la culture dans une écologie politique.

Il s’agit de favoriser la multiplicité des imaginaires et des récits qui peuvent être autant d’alternatives au récit individualiste de la publicité et du consumérisme. Il faut aussi accompagner les changements structurels et techniques qui répondront aussi aux enjeux politiques d’une culture de proximité, à échelle humaine.

Le second objectif est de garantir et développer les droits dans les arts et la culture. L’exercice plein et entier de ces droits passe par le développement de la familiarité de toutes et tous avec les arts et l’acte de création. C’est pourquoi il faut développer l’éducation artistique et culturelle, en donnant les moyens à ses acteur·ices d’effectuer au mieux leur mission d’intérêt général.

Le troisième objectif est de permettre à la création d’être à l’image de la diversité. La société française est riche d’une diversité précieuse de cultures. Nous devons être à la hauteur de la créolisation, rencontre entre altérités qui produit des situations nouvelles. C’est aussi dans la mémoire commune que cette diversité prendra place, par la valorisation des cultures populaires trop longtemps invisibilisées.

Enfin, tout ceci ne se fera pas sans définir un nouveau pacte social avec les travailleur·ses de l’art et de la culture où priment la confiance et le temps long.

Comment souhaitez-vous que cette politique culturelle se concrétise en Hautes-Pyrénées ?

Le département des Hautes-Pyrénées possède un riche patrimoine naturel qui pour l’heure ne fait pas l’objet de politiques culturelles. C’est dans les champs de la découverte de l’environnement, du rapport nature-culture, des alternatives écologiques, du dialogue art et science, des usages de la nature que doit se développer un projet culturel.

Le concept de nature est un fait culturel qui doit s’interroger, se nourrir d’autres apports. Afin de permettre à d’autres imaginaires de construire un avenir soutenable. L’économie culturelle est en capacité de prendre le relais d’une industrie touristique consumériste et énergivore. Les Hautes-Pyrénées, avec ses paysages d’exception, ses trésors de biodiversité, son héritage scientifique, et sa singularité anthropologique pourrait devenir le laboratoire de recherches sur l’anthropocène.

Quelle vision de la culture en Hautes-Pyrénées souhaitez-vous porter à l'Assemblée Nationale ?

Le mandat du député n’est pas un mandat local mais national. Le travail du député n’est pas de construire des projets de territoires, mais de voter des lois qui permettent à l’État et aux collectivités d’appliquer des politiques culturelles grâce à des cadres nationaux législatifs. Face à l’inaction des collectivités du département, en matière de culture, l’ambition en tant que député, sera de construire une politique culturelle nationale permettant une égalité d’accès à la culture, y compris dans les territoires ruraux. Et de rappeler aux collectivités territoriales que les lois sont faites pour être appliquées, à l’instar du décret d’obligation de décoration des constructions publiques (1%).


Grégory Korn

Victoria Klotz

Réponse publiée le samedi 28 mai 2022