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Politique culturelle / élections municipales à Tarbes 2020 / Hervé Charles

Nous avons interrogé Hervé Charles (Tarbes Citoyenne Écologique et Solidaire) qui candidate aux élections municipales à Tarbes sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections municipales à Tarbes

Nous sollicitons les candidats aux élections municipales à Tarbes pour les interroger sur la politique culturelle autour de deux axes :

Le regard sur de la politique culturelle conduite par Gérard Trémège, maire sortant :

  • Le soutien aux acteurs - professionnels et amateurs - de la vie culturelle de Tarbes
  • L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.
  • La part du budget municipal consacré à la culture et son utilisation.
  • Le rayonnement culturel de Tarbes sur son bassin et plus largement
  • L'évolution de La Gespe, du Pari, du Théâtre des Nouveautés, des festivals et des musées tarbais.

Le projet de politique culturelle

  • Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité de la majorité sortante ou en rupture avec l’action passée ?
  • Quels développements pour les salles de Tarbes en Scène ?
  • Quelle articulation avec les autres acteurs culturels locaux comme Le Parvis, le tissu associatif de Bagnères de Bigorre et les événements culturelles dans le département ?
  • Quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser dans le politique culturelle tarbaise ?
  • Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ?

Réponse de Hervé Charles (Tarbes Citoyenne Écologique et Solidaire)

Hervé Charles
Hervé Charles

Le regard sur de la politique culturelle conduite par Gérard Trémège, maire sortant

Nous pensons que Gérard Trémège n’a pas mené une politique culturelle, mais essentiellement une gestion à base de « coups », et qu’il a favorisé l'industrie du divertissement au détriment de la cohérence.

Les divers festivals ne doivent pas avoir comme seule ambition le développement du tourisme, mais doivent être intégrés dans un véritable projet culturel cohérent. Il en est de même avec les animations estivales.

Le musée des Hussards qui devait satisfaire la mémoire militaire de la ville ne connaît pas le succès espéré, loin de là.

Le transfert prévu de la médiathèque sur le quartier de l’Arsenal ne doit pas se faire au détriment du centre ville ou de Laubdère.

La délégation au Parvis masque l’absence d’une réelle vision politique concernant le spectacle vivant et le cinéma.

Tout cela fait trop abstraction du potentiel et des projets des acteurs locaux, minore le rôle de la vie associative, fait totalement l'impasse en ville des politiques du film et du livre qui, mis à part la librairie des Beaux Jours ont été exfiltrés à la périphérie de Tarbes.

Le soutien aux acteurs - professionnels et amateurs - de la vie culturelle de Tarbes

On a eu droit à beaucoup de déclarations, suivies d’aucun effet ; par exemple, les états généraux de la culture, n'ont strictement rien donné d'autre que de l'affichage, sans suite et sans vraie co-construction avec les acteurs locaux.

Nous avons l’impression que la municipalité, comme dans d’autres domaines, considère détenir le savoir absolu et ne fait confiance à personne.

L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.

La très grande majorité des spectacles proposés aux enfants sont payants et certains familles se trouvent en difficulté pour assumer cette charge financière. Les transports pour se rendre aux lieux culturels sont en outre comptabilisés sur le quota annuel de bus disponibles pour les écoles. Bref, on ne décèle pas de véritable volonté politique de proposer un accès culturel riche aux élèves des classes tarbaises. Par le passé, la gauche a su le faire pour l’accès au sport, avec des éducateurs sportifs présents dans les écoles. À quand l’accès à la culture ?

La part du budget municipal consacré à la culture et son utilisation.

Ce budget semble mal utilisé, les attributions des financements restent opaques, et jamais justifiées. Il est nécessaire d’obtenir une réelle transparence dans ce domaine, en partageant les décisions entre élus·e·s, agents municipaux, partenaires culturels et citoyen·ne·s.

Le rayonnement culturel de Tarbes sur son bassin et plus largement

L'évolution de La Gespe, du Pari, du Théâtre des Nouveautés, des festivals et des musées tarbais.

Les structures de La Gespe et du Pari fonctionnent bien. Ce sont des beaux lieux, nous les soutenons et nous les pousserions même à davantage de prise de risque. Le reste est à revoir : aucune lisibilité, aucune cohérence, que du coup par coup.

Le projet de politique culturelle

Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité de la majorité sortante ou en rupture avec l’action passée ?

Nous n’allons pas tout remettre en cause parce que des projets fonctionnent, mais nous estimons nécessaire l'instauration d'un dialogue permanent, en particulier par la mise en place d'un·e directeur·trice des affaires culturelles, chargé·e de conduire la politique culturelle de la ville.

Nous insistons aussi sur un principe de confiance et de mise en avant des créativités locales, très nombreuses et foisonnantes.

Nous rappelons qu’au cœur de notre projet municipal, la culture occupe une place prépondérante car, par définition, elle contribue à modifier les rapports sociaux et s’avère facteur d’épanouissement.

Quels développements pour les salles de Tarbes en Scène ?

Nous portons le projet d'une nouvelle salle de musique en ville, de dimensions modestes - 300 à 500 places -, dont la gestion sera assurée par la Gespe pouvant servir pour la présentation des travaux de résidence pour les musicien·ne·s locaux·ales ou non. Programmation en concertation avec les lieux locaux : volonté de concertation, de cohérence.

Redéfinition des missions du théâtre des Nouveautés, avec une programmation cohérente et dédiée, renégociation de la convention avec le Parvis, orientation, entre autres, vers la découverte du théâtre par les publics scolaires (davantage de visites, par exemple, ou de spectacles-visites), et vers des formes de spectacle vivant diversifiées. C'est un lieu, un patrimoine qui n'est pas mis en valeur.

Quelle articulation avec les autres acteurs culturels locaux comme Le Parvis, le tissu associatif de Bagnères de Bigorre et les événements culturels dans le département ?

Nous actons positivement le fait qu’autour de Tarbes nous avons, avec Le Parvis, une scène de théâtre nationale. Le problème, c’est comme avec Emmanuel Macron : le ruissellement n’a pas lieu ; il faudrait que cela génère une dynamique pour toute l’action culturelle, que d’autres acteurs que ceux du Parvis aient accès à leurs installations et moyens, qu’ils promotionnent mieux les jeunes talents locaux en lien avec le Pari, la Gespe, la FOL et les communes de l’agglomération.

C’est ce débat que nous mènerons avec sa direction, les maires des communes de l‘agglo et les collectivités concernées : CD 65, région, DRAC

Les festivals estivaux sont à soutenir, tout en mettant en valeur les initiatives, pas en se les appropriant ; travail de mise en cohérence, de lisibilité de la période juin-septembre ; nouvelles initiatives audacieuses en ville, de pair avec des périodes de piétonisation de certaines zones, pour faire revenir du monde en ville l'été, en journée et en soirée. Nous pouvons aussi générer d’autres festivals estivaux porteurs d’une autre logique culturelle. Par exemple nous sommes pour la création d’un festival du livre itinérant, pour multiplier les opérations ciné plein air dans les quartiers de Tarbes, pour relancer le concept de bals populaires en ville en occupant les places mais sur une autre logique.

Dialogue et concertation : il faut rompre avec les tentations de clientélisme, il s’agit de rétablir la liberté des créateurs.

Quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser dans le politique culturelle tarbaise ?

Évolutions, ça suffira : des lieux et des créations (troupes de théâtre, de danse, musicien·ne·s exceptionnel·le·s, cirque, vidéo chez les étudiant·e·s, etc.) existent sans la mairie. Notre idée est de les soutenir, de les mettre en valeur, de dialoguer, de faciliter les mises en réseau, les synergies. Nous pouvons aussi initier de nouvelles pratiques, de nouveaux lieux,… La question du retour d’un cinéma en centre ville doit être clairement posée.

Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ?

Nous sommes favorables à faire un audit sur les subventions allouées et les politiques et voir à partir de nouveaux critères élaborés avec les acteurs locaux et flécher les priorités. Mais globalement nous sommes pour donner plus au budget culture et moins aux caméras de surveillance. La régénération du lien social plutôt que la surveillance érigée en principe.


Hervé CHARLES, tête de liste TCES

Réponse publiée le jeudi 6 février 2020