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Politique culturelle / élections européennes en France 2019 / Manon Aubry

Nous avons interrogé Manon Aubry (France Insoumise) qui candidate aux élections européennes en France sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections européennes en France

Nous avons contacté les candidats aux élection européennes dans le Sud-Ouest pour les interroger sur leur vision d'une politique culturelle européenne

  • Doit-on aller vers une politique culturelle Européenne commune ? Doit-on parler d'exception culturelle française au sein de l'Europe ?
  • Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?
  • Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?
  • Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser l'accès à la culture des citoyens européens ?
  • Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?
  • Est-ce que l'action culturelle de l'UE est assez visible par les citoyens européens ?

Réponse de Manon Aubry (France Insoumise)

Manon Aubry
Manon Aubry

Réponse du pôle argumentation de la France insoumise

Concernant vos questions, voici quelques éléments de réponse discutés à partir de notre programme avec les candidats de notre liste :

Doit-on aller vers une politique culturelle Européenne commune ? Doit-on parler d'exception culturelle française au sein de l'Europe ?

Un renforcement de la politique culturelle européenne est souhaitable. La culture est depuis longtemps le parent pauvre de la Commission européenne, avec des allocations de budget dérisoires (1,85 milliards prévus pour la période 2021-2027). L'exception culturelle française doit être protégée en Europe et étendue à la sphère numérique. Notamment, le risque d'inclure le secteur culturel dans les accord de libre-échange internationaux (CETA, TAFTA, etc.) doit être combattu à l'échelle européenne, pour prévenir la marchandisation des cultures françaises et autres.

Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?

La Parlement européen a mené des dossiers sur des domaines clés tels que la réforme des droits d'auteurs. Il peut faire plus encore pour protéger la culture de la marchandisation, mais souffre de l'absence d'initiative législative pour faire contrepoids à la Commission européenne.

Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?

L'UE devrait augmenter les budgets pour la culture, garantir le droit des artistes à vivre de leur travail, créer des Centres de recherche artistiques européens dans les domaines des arts vivants (danse, théâtre, musique), du cinéma et des arts plastiques. L'élargissement du programme Erasmus, y compris hors d'Europe et l'augmentation des bourses européennes de mobilité sont un levier à exploiter.

Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser l'accès à la culture des citoyens européens ?

La culture vit d'une part dans les musées, dans les lieux d'arts, et dans les universités. Ces services, principalement publics, doivent être protégés de la concurrence et de la marchandisation et doivent être mieux financés (nationalement et au niveau européen). La réglementation du mécennat privé est importante pour garantir l'accès public de tous à la culture.

Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?

L'exception culturelle doit demeurer un principe central de l'articulation entre politique économique et politique culturelle : la culture n'est pas un marché comme un autre et ne doit pas le devenir. La création culturelle doit être favorisée et protégée. Il faut notamment garantir le droit des artistes à vivre de leur travail pour que les cultures locales résistent et se développent malgré la concurrence de méga-acteurs culturels étrangers.

Est-ce que l'action culturelle de l'UE est assez visible par les citoyens européens ?

L'année du patrimoine 2018 a donné de la visibilité à l'action culturelle de l'Union européenne. Avec 37 pays participants, 13 596 évènements labellisés dont 1500 en France, elle a aussi montré que l'Europe et l'Union européenne ne se confondent pas, particulièrement sur le plan culturel. Ce type d'initiatives doivent être répliquées à l'avenir.

Réponse de Christian Benedetti, candidat aux élections européennes particulièrement en charge des questions de l'art et de la culture.

Au premier plan, - ce qui saute aux yeux- je dirais que c’est la destruction des politiques publiques, et pour nous, celles de l’art et de la culture.

Ce qui m’inquiète - et m’effraie, d’une certaine manière- c’est l’accélération incroyable de ce qui est une liquidation. Aujourd’hui les arts, les échanges culturels, les artistes sont marginaux dans l’Union européenne actuelle (des Macron, Merkel, Juncker ). L’actuel Commissaire européen à l'éducation, à la culture, au multilinguisme à la jeunesse et au sport est Mr Tibor Navracsics... Il est représentant du gouvernement de Victor Orban !!! Il est donc responsable des politiques en matière d'éducation et de formation, de jeunesse, de sport, de société civile, de culture, de traduction, d'interprétation et des relations avec l'Office des publications de l'Union européenne. Je pense que dans le contexte actuel, un hongrois aux finances, aux affaires internationales, au commerce ou autre - tout libéral qu’il soit - aurait créer un tollé général.À la culture personne ne s’en est ému. Il fallait bien quelqu’un… Si la culture en Europe est brutalement concernée par l’UE, ce n’est que sous les effets des politiques du « marché intérieur », la politique culturelle européenne est limitée par les traités au simple « soutien » des politiques nationales.

Le budget du programme « Europe créative », de 2014 à 2020, est de 1,46 milliard d’euros (0,15% du budget global), soit 200 millions par an, la moitié réservée au cinéma, le programme concernant également le développement de jeux vidéo, la production en réseau de spectacles ou d’exposition... Dans les perspectives budgétaires actuelles, ce budget atteindrait 1,85 milliard d’euros pour la période 2021-2027, soit 0,16% du budget pluriannuel de l’Union Européenne.Sur le papier, l’Union européenne ne peut donc intervenir que par des actions d’appui.

Pourtant, dans les faits, elle intervient de façon très prégnante, sur les politiques culturelles nationales.

- Soit par des directives touchant à la propriété intellectuelle, aux droits d’auteur, au statut de l’artiste, à l’enseignement artistique,

- Soit indirectement : par le biais des politiques sociales, d’éducation ou de la concurrence.

Et par une politique austéritaire qui amène les nations à réduire leur soutien direct aux arts, à la culture, à l’éducation culturelle, et contraint les institutions et les acteurs culturels à dégager des fonds propres.

C’est un contexte dans lequel les Etats sont amenés à promouvoir les sponsorings et le mécénat.

En outre, la tentation est récurrente à Bruxelles de remettre en cause, via les traités de libre-échange, « l’exception culturelle » reconnue en France et ailleurs. C’est-à-dire le principe que les politiques culturelles ne sont pas soumises à la seule loi du marché, dans chaque pays comme au plan international.

L’exception culturelle, c’est le fondement des politiques de soutien à la création (aides au cinéma...) et à la diffusion (prix unique du livre), et le refus de l’impérialisme culturel états-unien (quotas de films et chansons françaises et francophones). Par les programmes qu’elle met en place, l’UE fait le choix de la culture comme une marchandise.

Enfin, la Commission européenne et les Etats membres restent inactifs, voire complices, face aux Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft, leur édification de monopoles culturels en ligne, leur appropriation de la production, des canaux de vente, et des données privées du consommateur ! Les GAFAM imposent un rapport de force très déséquilibré aux artistes, aux musées, aux salles de spectacle, standardisent et espionnent nos goûts, et ne payent presqu’aucun impôt en Europe.

Je veux aussi attirer votre attention sur une expression que beaucoup d’entre nous emploient s’appuyant entre autre sur la convention de Fribourg et qui est une aspiration légitime, mais qui par un retournement de sens est devenue un cheval de Troie du libéralisme : Les droits culturels… Cela devient le remplacement de la subvention à l’offre par la subvention à la demande. Les droits culturels, cela se conjugue très bien avec le Pass culturel de Macron : 500 euros à 18 ans, 400 millions par an au total, un cadeau aux têtes de gondoles des multinationales culturelles, en place d’une vraie politique publique. Le 1er août 2007 Nicolas Sarkozy écrit une lettre à son ministre de la culture lui demandant de veiller à ce que les aides publiques à la création favorise une offre répondant aux attentes du public. Cette lettre est une honte. Et sa logique a toujours cours. Ce sont des tartufes ceux qui enjoignent aux artistes de répondre à la demande. Comment peut-on demander une chose que l'on ne connaît pas puisqu'elle n'apparaît pas ? En art la commande c’est toujours son détournement

... La liberté de l'artiste doit rester totale. Pensez à ce que disait Robespierre : « rien ne doit porter atteinte à la liberté des théâtres…Il ne faut point qu'ils soient soumis à une inspection arbitraire.

La condition première, incontournable, est que les forces politiques de gauche, puissent « porter politiquement » la question de la culture, de l’art, de la littérature, de la vie intellectuelle, scientifique à l’échelle nationale et européenne tout à la fois. Il est plus qu’urgent d’affirmer les principes du service public de la culture comme fondement de la politique culturelle. En formuler les fondements les principes, les valeurs et, concrètement, les conditions. Depuis maintenant vingt ans, les élus et les responsables politiques ont, progressivement, par leur silence, quasiment déserté cet enjeu. Il nous faut des élus ayant une pensée, une conception, une parole publique construites et fortes concernant la culture. Voilà la condition première. Cela suppose, évidemment, d’élaborer et de formuler une conception de la « place », du « rôle » de la culture, de l’art, de la littérature, de la pensée dans la société. Je constate une « peur » toujours présente, des politiques, de s’engager dans cette élaboration, hormis… en terme de culture utilitariste, donc sans contenu. On affirme volontiers des exigences concernant les « effets » (sociaux, éducatifs, économiques…), ce qui évite de préciser quel sens on donne à culture, et pourquoi et comment elle pourrait avoir ces « effets », et de justifier les raisons d’une telle exigence.

Cela suppose, évidemment, d’élaborer et de formuler une conception de la « place », du « rôle » de la culture, de l’art, de la littérature, de la pensée dans la société. Je constate une « peur » toujours présente, des politiques, de s’engager dans cette élaboration, hormis… en terme de culture utilitariste, donc sans contenu. On affirme volontiers des exigences concernant les « effets » (sociaux, éducatifs, économiques…), ce qui évite de préciser quel sens on donne à culture, et pourquoi et comment elle pourrait avoir ces « effets », et de justifier les raisons d’une telle exigence.

Il nous faut une culture qui nous permette de mettre en rapport l'individu avec le collectif. Ce sont les conditions de possibilité de la vie politique.

Les forces libérales (qu'elles soient de droite ou qu'elles se revendiquent de gauche ou de rien) sont pour un art qui conforte la culture et une représentation du monde qui n’est pas « au travail »… Un art qui ne doit susciter que l’adhésion… Le patrimoine…On se retrouve tous rassurés sur le patrimoine et pourtant à sa naissance… il a créé du combat et du conflit. Le libéralisme s’est approprié des arts qui avant suscitaient un combat, un débat… (Molière faisait scandale, Picasso aussi faisait scandale avec Guernica dans le fond et la forme… on s’approprie la forme pour avaler le fond…)

La dépendance au marché

Aujourd’hui la production dépend quasi totalement de la distribution. Avant, la subvention permettait au créateur d’être plus indépendant. Dans les années 50 - 60 les subventions étaient données pour appeler à la diversité, pour créer de l'exception et de l'expérimentation, du nouveau non encore identifié. Aujourd’hui ce n’est que pour un regroupement uniforme. Aujourd’hui il faut tourner… il faut avoir un taux de fréquentation …une jauge, de l’audimat, de la surface… (La politique publique du gouvernement existait donc elle peut exister à nouveau …)

Aujourd’hui la marge d’indépendance est en train de disparaître. Le ministère de la culture est devenu une maison de production… Cf « la domestication de l’art ». De Laurent Cauwet.

L’Art s’est quasi totalement asservi à la finance, comme le dit Annie Le Brun dans son livre : « Ce qui n’a pas de prix ». Il faut réhabiliter la notion de création, la capacité de créer, d’inventer. Pas innover … (comme le veulent « industries culturelles »), aujourd’hui au prétexte de partage avec le plus grand nombre il ne s’agit plus de transmettre du sens, mais de placer le spectateur dans un état de sidération face au grandiose ou à la prouesse technologique.

Le crédo : Industrialiser // Reproduire // Multiplier. Ou dans l’usage… Multiplier à l’infini et ce que tu ne peux multiplier, tu en marchandises l’usage. Les biens immatériels … L’heure, tu la donnes … tu l’as toujours après. Ce n’est pas comme un portable… tu le donnes … tu ne l’as plus .. Aujourd’hui nous sommes dans la marchandisation des biens matériels et immatériels… Dans l'évènement culturel. Les puissances financières adaptent les biens immatériels aux exigences de la reproduction industrielle. Il y a donc une perte sèche : l’artistique. (les spectacles de théâtre s’adaptent pour être enfin aptes à des « captations »…). Nous sommes dans la Soumission à la communication / à l’innovation / à la fréquentation /au temps. La rétribution, le retour sur investissement se fait en notoriété politique et sociale. Pas financière…

Le combat politique premier est donc, d’expliquer que la responsabilité d’une politique publique démocratique est de construire et préserver les « conditions » matérielles, politiques, organisationnelles de l’indépendance de ceux qui s’engagent dans la vie artistique et intellectuelle, sans ingérence dans les démarches intellectuelles et artistiques. Ce qui n’est plus le cas après l’avoir été durant plus de 40 ans, (même si cela avait des limites). Aujourd'hui au contrôle d'état qui s'est renforcé avec l'abandon des ambitions des politiques publiques s'est ajouté le formatage du marché et le durcissement des relations de dépendance des artistes soit au pouvoir soit aux financiers. En ce sens les conditions de vie des artistes sont une question entière de la création.

En ce qui concerne les contenus, la priorité consiste à redonner du sens. Je me limite, ici, à citer quelques points.

• la culture comme « intérêt général » : expression qui est devenue décrédibilisée, quasi honteuse, qui disparaît et qu’il faut ré-imposer, re-légitimer, redéfinir collectivement, aussi bien dans le monde politique européen que dans les milieux culturels.

• C’est ce qui doit permettre d’imposer dans le débat la nécessité d’une politique publique dans tous les domaines de la production et de la circulation de la pensée, de l’imaginaire. Mais aussi de l’éducation, de la santé… C’est le plus difficile, car cela est le fondement. « L’intérêt général » est devenu un mot grossier.

• Il faut redonner une légitimité aux mots « création », « pensée », « art ». En effet, les critiques (parfois pertinentes) à l’égard des « Artistes », des institutions culturelles, artistiques, ont contaminé la question même de la « création » et de la « pensée », c’est-à-dire de la production du « symbolique », de l’imaginaire et de leur circulation.

• Ceux qui détiennent le pouvoir ont intérêt à rendre suspect -ou bien, inversement, à fétichiser- les mots « artistes », « création », etc., car, ce faisant, ils font obstacle à une réflexion sur ce que doit être l’autonomie intellectuelle, économique, politique et sociale de la production et de la circulation des biens symboliques.

• Ils opposent autonomie et responsabilité sociale, voire économique.

• On a réduit, par exemple, depuis trois décennies, la culture à « du lien social », alors que c’est le lieu de « la circulation du sens ».

• Les députés européens auront, en la matière, une très grande responsabilité. ils ne sont pas les seuls.

• La question de la « démocratisation » de la culture, ou du « partage », de « l’éducation artistique », etc., peu importe les expressions, est devenue une fin en soi. La démocratisation va bien au-delà de la simple question de l'accès, elle englobe dans une relation l'oeuvre et le citoyen.

• Pourtant, si on ne définit pas en préalable ce qu’il faut démocratiser ou partager, je ne vois pas très bien ce qu’il y a à mettre en commun, à socialiser, à démocratiser….

• Il faut renverser la pensée politique : le responsable politique doit oser donner un contenu préalablement à l’imposition d’un objectif d’utilité sociale (ou économique).

• Sinon, la politique culturelle devient vide et n’est plus qu’une culpabilisation de ceux qui « ne partageraient pas ». Mais partager quoi ?

• La plupart des artistes se précarisent tout en ayant de plus en plus le sens de leur responsabilité sociale, on le voit dans les jeunes générations, comme ailleurs.

• À partir de là, et seulement à partir de là, il conviendrait de réfléchir à ce que sont, aujourd’hui les conditions publiques de la production des biens symboliques, cette production n’étant plus réservée à quelques-uns, mais socialisée. Responsabilité artistique et responsabilité sociale ne peuvent être opposées, comme c’est le cas aujourd’hui. Et on ne peut leur opposer la « responsabilité économique » telle que l’impose la logique néolibérale.

Ce que nous défendons et proposons :

Nous ré-approprier les mots les images et le temps, pour une re-fondation de l’Europe à travers l’art. Et affirmer le geste de l’art comme réalité politique.

Refuser la soumission de l’art au marché. En s’opposant notamment à la prise de contrôle des intérêts financiers et industriels sur la culture en Europe. En renforçant l’exception culturelle, et en l’étendant aux arts numériques pour soutenir les acteurs face aux GAFAM.

Replacer le geste de l’art et ce que l’on appelle culture au centre de la politique européenne. En faisant de la liberté d’expression et de création un critère de convergence dans l’ensemble des États membres. En réaffirmant les principes du service public de la culture comme fondement de la politique culturelle, son enseignement et sa pratique. En soutenant la création, la circulation des artistes et des oeuvres. En donnant une place décisive aux textes, et en favorisant les traductions. En favorisant un accès de toutes et tous aux œuvres. En créant un « domaine public commun » en matière de droit d’auteur, et un statut de l’artiste.

En créant des structures européennes de travail artistique commun pour favoriser les échanges entre artistes de toutes disciplines dans une logique d’échanges et de création.

• Maintien du principe d’« exception culturelle » au niveau national comme au niveau européen : contre l’inclusion de la culture dans le tout-économique et le tout-financier (dans les directives et traités), pour la préservation d’une valeur culturelle propre hors du marché, pour le maintien des échelons nationaux et locaux.

• Extension de l’exception culturelle et de la diversité culturelle à la sphère numérique : Taxer enfin les GAFAM, briser les monopoles verticaux et horizontaux dans le domaine culturel. Rendre légal le financement de la diversité culturelle en ligne et rendre possible des plateformes alternatives, non-marchandes. Imposer des quotas pour garantir la pluralité des offres culturelles visibles sur internet. Augmenter le plancher d'œuvres européennes et en faire bénéficier les petits producteurs indépendants de musique et de cinéma.

• Faire de la liberté d’expression et de création un critère de convergence dans l’ensemble des États membres, et un critère obligatoire pour l’entrée dans l’Union. Il s'agit de substituer à des critères ultralibéraux et austéritaires, un critère de liberté des artistes comme des publics.

• Veiller à transposer aux artistes et techniciens du spectacle les mesures d’alignement par le haut des minimums salariaux que nous proposons pour les salariés en général, ainsi que le refus de la Directive détachement dans le secteur.

• Indépendance des cultures nationales vis-à-vis de l’échelon européen : Cela passe, dans tous les Etats membres, par une relance des budgets culturels, que l’austérité budgétaire de Bruxelles met en péril.

• Porter, au plan européen, la proposition de créer un « domaine public commun » en matière de droit d’auteur : une durée de perception plus courte des droits d’auteurs par les héritiers, permettrait d’instituer une période où les droits d’auteurs du passé soutiennent la création d’aujourd’hui et de demain, en finançant les artistes contemporains et en créant un statut de l’artiste.

• Réorienter « Europe créative » par l'institution de structures européennes de travail artistique commun, qu’elle finance, pour favoriser les échanges entre artistes dans une logique de création, avec des centres de recherche artistique européens autour des arts vivants du théâtre, de la danse, du cinéma, de la musique, des arts plastiques, des arts visuels de l’écriture…

• Harmoniser par le bas du soutien fiscal au mécénat au niveau européen Le « mécénat vautour » dans les États membres ne doit plus bénéficier de cadres fiscaux favorables en Europe, tels que les législations belge et luxembourgeoise.

• Aligner dans la Directive TVA la presse papier et de la presse en ligne, pour encourager l’émergence de canaux d’information novateurs et indépendants des magnats industriels – après 5 ans d’inaction de la Commission Juncker.

Une charte d’engagement pour une politique publique européenne pour l’art est en cours d’élaboration avec des artistes de toute l’Europe

En collaboration avec Le Bloco du Portugal, Podemos d’Espagne, L’alliance Rouge Verte du Danemark, le Parti de gauche de Suède, l’Alliance de Gauche de Finlande…

la liste s’est prononcée pour que ses élus européens portent une charte d’engagements communs sur l’art et la culture pendant tout leur mandat.. Pour la construire, je sollicite l’avis d’artistes français et européens ; nous avons déjà publié les réponses à nos questions de Krystian Lupa, Lancelot Hamelin, Arpad Schilling, Robert Guédiguian, Michel Simonot, Nathalie Fillion, Pippo Del Bono… Cette Charte sera présentée en mai.

L’ensemble de ces réponses servira de matériau pour élaborer une charte d’engagement des élus européens de la France Insoumise et des partenaires de « Maintenant le Peuple » sur l’enjeu de l’art et de la culture.


Christian Benedetti

metteur en scène, acteur et directeur du Théâtre-Studio à Alfortville

candidat LFI aux élections européennes 2019

Réponse publiée le jeudi 25 avril 2019