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Politique culturelle / élections européennes en France 2019 / Dominique Bourg

Nous avons interrogé Dominique Bourg (Urgence Ecologie) qui candidate aux élections européennes en France sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections européennes en France

Nous avons contacté les candidats aux élection européennes dans le Sud-Ouest pour les interroger sur leur vision d'une politique culturelle européenne

  • Doit-on aller vers une politique culturelle Européenne commune ? Doit-on parler d'exception culturelle française au sein de l'Europe ?
  • Quel regard avez-vous sur l’action du parlement européen sortant dans le domaine culturel ?
  • Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser la création culturelle européenne et sa diffusion ?
  • Quelle doit être l’action de l'UE pour favoriser l'accès à la culture des citoyens européens ?
  • Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE ?
  • Est-ce que l'action culturelle de l'UE est assez visible par les citoyens européens ?

Réponse de Dominique Bourg (Urgence Ecologie)

Dominique Bourg
Dominique Bourg

Doit-on aller vers une politique culturelle européenne commune ?

La culture est devenu un objectif affirmé et une compétence de l’UE depuis 1992 après l’adoption du traité de Maastricht. L’ensemble des Etats membres de l’Union européenne sont par ailleurs signataires de la convention culturelle européenne du Conseil de l’Europe qui promeut les actions communes visant à sauvegarder la culture européenne et à en encourager le développement. L’engagement de l’UE dans la culture se concentre sur l’impact des technologies numériques, la nécessité de soutenir l’innovation, l’évolution des modèles de gouvernance en ce domaine. Par ailleurs d’autres politiques de l’UE (éducation, environnement, aménagement du territoire, recherche..) ont un impact culturel.

Nous pensons que sur ce sujet le respect de la diversité des cultures européennes se prête bien à la notion de subsidiarité.

Le fait que l’Union européenne, ses institutions, ses priorités et ses politiques soient aujourd’hui trop peu connues des citoyens pose néanmoins un problème démocratique et devrait faire l’objet de propositions pour y remédier. Il conviendrait de travailler à une meilleure culture générale de ce qu’est et fait l’Union européenne. Par ailleurs que les enjeux culturels aient été peu présents au moment de la création de l’UE marque aujourd’hui des priorités institutionnelles où la culture n’est pas au sommet de l’agenda.

Quel regard portez-vous sur l’action du Parlement européen sortant dans le domaine culturel?

Depuis 2007, l’outil principal de l’UE est l’agenda culturel européen. Un nouvel agenda européen de la culture a été adopté en mai 2018 fondé sur trois dimensions, sociale ( diversité culturelle), économique ( soutien à la créativité), et internationale (renforcer la coopération).

Le Parlement européen est un acteur encore largement absent des problématiques culturelles européennes. Sa commission culture se concentre essentiellement sur les problématiques de mobilité et de coopération culturelle. C’est regrettable car au quotidien les échanges et les débats de cette institution sont marquées par une véritable diversité culturelle et linguistique. C’est par ailleurs un lieu où les citoyens, les associations, l’ensemble des acteurs se confrontent aux élus.

Dans la nouvelle mandature nous préconisons que les enjeux culturels puissent faire l’objet d’un débat transverse et soient débureaucratisés. En tant qu’écologistes nous voulons tout particulièrement mettre l’accent sur la culture scientifique et sa diffusion au plus grand nombre, et encourager la prise en compte de projets de sciences participatives. Mais nous souhaiterions aussi que les enjeux de créativité ne soient pas réduits à des questions économiques et concentrés trop exclusivement sur l’audiovisuel comme c’est aujourd’hui encore beaucoup le cas. L’Europe est une terre riche de ses écrits, de son inspiration littéraire, théâtrale, musicale. Ces éléments très concrets, historiques et actuels devraient être pris en compte.

Quelle doit être l’action de l’Union européenne pour favoriser la création culturelle et sa diffusion ?

L’action de l’UE est déjà importante dans le soutien à la création audiovisuelle (chaîne Arte, cinéma). La possibilité de soutenir davantage des initiatives reflétant la diversité culturelle dans le sens évoqué supra devrait être discuté au sein de la commission culture et en lien plus largement avec une initiative générale de rapprochement de l’UE et des citoyens.

Sur ce point un travail devrait être engagé avec les collectivités locales qui peuvent être autant de relais.

Le succès des capitales européennes de la culture qui met le projecteur sur nos cités et encourage des opérations de rénovation et de mise en valeur est significatif de l’approche à promouvoir. Ne conviendrait-il pas d’étendre ce programme (deux villes par an) aux zones rurales, de montagne et insulaires afin de ne pas mettre de côté des millions de citoyens européens?

Dans le même temps il serait nécessaire de lier davantage la culture et l’écologie dans ces opérations - le programme Europe créative et son volet cinématographique Média sont très appréciés- . Urgence écologie souhaiterait qu’une attention particulière soit portée aux projets qui relient la culture et l’écologie et permettent les échanges humains entre créateurs.

Quelle doit être l’action de l’UE pour favoriser l’accès à la culture des citoyens européens ?

L’accent devrait être mis sur l’accès à la culture des personnes vivant dans des territoires moins favorisés. Sur ce point l’UE devrait venir en appui de politiques locales reposant sur la proximité avec les personnes concernées.

Par ailleurs le respect des identités et des cultures passe par celui des langues qui en sont les véhicules. c’est pourquoi Urgence écologie soutient le maintien du plurilinguisme dans l’UE, mis à mal aujourd’hui par la généralisation de l’anglais (notamment par la Commission européenne dans ses actions et documents sur la culture). Nous dénonçons vigoureusement cette dérive. Nous voudrions que les programmes européens respectent la diversité des langues et financent les traductions des oeuvres vivantes.

Nous plaidons aussi pour le respect des langues régionales et minoritaires. Nous dénonçons la non ratification par la France de la charte des langues régionales et minoritaires du Conseil de l’Europe.

Comment associer politique économique et politique culturelle de l’UE?

Si on se réfère à l’agenda culturel de l’UE, c’est l’optique économique qui l’emporte lorsqu’il s’agit de traiter de la culture. L’Ue joue d’ailleurs un rôle important en matière de financement de la création audiovisuelle. C’est essentiel.

Mais on pourrait suggérer une certaine réhumanisation de ces enjeux pour que l’UE ne soit pas vue seulement comme une machine à subventions dans le cadre de procédures qui excluent de fait les acteurs les plus faibles et les moins initiés.

Est-ce l’action culturelle de l’UE est assez visible par les citoyens européens ?

Non elle ne l’est pas mais c’est aussi parce que l’action culturelle de l’UE devrait être élargie et conçue autrement. Cette invisibilité joue un rôle important dans le malaise démocratique actuel vis à vis de l’UE qui est perdue comme trop exclusivement fondée sur des valeurs de marché, un fonctionnement technocratique et au service de projets éloignés des citoyens.

Le succès du programme Erasmus qui a formé depuis 1987 plus de 9 millions de jeunes européens indique sans doute la marche à suivre. S’appuyer sur les projets concrets des personnes pour les encourager, inciter à développer une curiosité culturelle qui puisse ensuite avoir des conséquences personnelles et professionnelles positives vis à vis des autres sociétés européennes. Ne pourrait-on développer ainsi davantage les échanges entre créateurs européens dans tous les domaines? C’est ce que vise le programme Europe créative qui reste encore trop peu connu des acteurs de terrain.


Lucile Schmid et Henri Malosse

Candidats de la liste Urgence écologie (en position 4 et 5)

Réponse publiée le 2019年5月15日星期三