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Politique culturelle / élections législatives en Hautes-Pyrénées 2012 / François Meunier

Nous avons interrogé François Meunier (Lutte Ouvrière) qui candidate aux élections législatives en Hautes-Pyrénées sur son projet de politique culturelle.

Questions aux candidats aux élections législatives en Hautes-Pyrénées

Parmi les engagements du candidat élu François Hollande, on pouvait lire deux propositions qui touchent précisément la politique culturelle :

« Je lancerai un plan national d’éducation artistique. Je soutiendrai la création et la diffusion qui sont le levier de l’accès de tous à la culture. J’établirai entre l’État et les collectivités locales des contrats visant à doter le territoire d’un maillage culturel mieux coordonné et plus efficace. Je ferai voter une loi d’orientation sur le spectacle vivant et je reprendrai le chantier du Centre national de la musique, pour en faire un outil au service de la diversité culturelle. Je reviendrai à un taux de TVA à 5,5% pour le livre et la billetterie, et je lutterai pour la survie des librairies indépendantes. »

« Je remplacerai la loi Hadopi par une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle française, qui conciliera la défense des droits des créateurs et un accès aux œuvres par internet facilité et sécurisé. La lutte contre la contrefaçon commerciale sera accrue en amont, pour faire respecter le droit d’auteur et développer les offres en ligne. Les auteurs seront rémunérés en fonction du nombre d’accès à leurs œuvres grâce à un financement reposant sur les acteurs économiques qui profitent de la circulation numérique des œuvres. »

Avec ces élections législatives apparaîtra une majorité qui permettra au président d'appliquer une politique culturelle. Nous proposons aux candidats aux législatives pour les deux circonscriptions des Hautes-Pyrénées de réagir sur ce thème.

Le regard sur de la politique culturelle conduite par la majorité sortante :

  • Bilan et critique des initiatives conduites et du soutien aux structures actives.
  • L’action envers les plus jeunes, dans le cadre scolaire en particulier.
  • Loi Hadopi : une protection nécessaire et efficace ?
  • Le rayonnement culturel de la France est-il suffisant ?

La position vis-à-vis de la politique menée par François Hollande ?

  • Voudriez-vous conduire un projet dans la continuité ou en rupture avec l’action passée ?
  • Quelles évolutions ou même révolutions tant au niveau artistique qu’économique voudriez-vous impulser ?
  • Faut-il et doit-on dépenser plus dans ce domaine ? Comment doit évoluer le budget du Ministère de la Culture ?
  • Quel statut pour les professionnels, intermittents du spectacle ?
  • Comment souhaitez-vous développer la culture dans « les régions » ?

Réponse de François Meunier (Lutte Ouvrière)

François Meunier
François Meunier

Monsieur,

J'ai bien reçu votre courrier du 12 mai 2012 me demandant ma position sur "la politique culturelle conduite par la majorité sortante" et celle "menée (?) par François Hollande".

Je ne serai pas élu le 10 juin, mais je peux cependant vous indiquer mon opinion sur vos préoccupations.

Les gouvernements précédents ne se sont guère illustrés en matière de politique culturelle, si ce n'est en prêchant la recherche d'économies à tout prix au détriment des personnels et de l'accès à la culture pour tous. Je ne prendrais que trois exemples.

L'attitude vis à vis des intermittents du spectacles. Ces « intermittents » qui sont en fait des travailleurs intérimaires, des comédiens certes, mais surtout des techniciens : éclairagistes, cameramen, machinistes, etc., les entrepreneurs de spectacles en ont absolument besoin. En 2003, en augmentant le nombre d'heures de travail effectuées par ces intermittents nécessaires pour percevoir des indemnités de chômage, en raccourcissant la durée d'indemnisation, le Medef avait déclenché un mouvement de riposte plus que justifié. Depuis, la situation des plus de 100 000 allocataires n'a pas changé : le scandale continue. Profitant de la pression du chômage, la majorité des patrons des entreprises de l'audiovisuel, par exemple, continuent à ne déclarer les intermittents qu'ils emploient que pour des horaires bien inférieurs à la réalité... et des salaires réduits en conséquence.

La réduction du nombre d'heures consacrées à certaines matières à l'école. La majorité des jeunes des classes populaires, qui ont de fait beaucoup moins accès à la culture ne pourront pas compter sur l'Education Nationale pour acquérir cette ouverture culturelle qui leur manque. Mais le problème du ministre de l'Éducation, et celui de tout le gouvernement, se résumait à ce slogan : « Faire des économies à tout prix ».

Les musées et monuments nationaux. Les syndicats avaient calculé qu'entre 2009 et 2011 mille postes avaient disparu sur les 23 000 salariés du ministère. Les travailleurs ont dénoncé cette politique qui entraînait, à certains moments, les difficultés à accueillir un public parfois nombreux, notamment les jours de gratuité. Les 10 % d'économies budgétaires que le gouvernement voulait réaliser dans les services liés à l'État sous prétexte de « gains de productivité », se sont faits aux dépens de la culture, comme de l'éducation, de la santé ou des transports en commun.

En ce qui concerne les "engagements" du candidat François Hollande en la matière, il y a beaucoup de belles phrases. Mais le président François Hollande compte comme son prédécesseur assumer la dette publique sans s'en prendre aux responsables et bénéficiaires de celle-ci : les grandes banques et les grands groupes industriels du pays. Autrement dit la politique de rigueur budgétaire va continuer et ce sont toujours les mêmes qui en paieront les conséquences : les services publics en général (dont la culture) et au final la population. François Hollande conditionne tous ses "engagements" à une relance de l'économie. Mais qu'est ce que cela signifie en cette période de crise ? Et quels sont les obstacles à cette "relance" sinon la volonté du grand patronat de conforter ses profits crise ou pas crise, en pressurant l'emploi , les salaires et les conditions de travail des salariés. La "relance" façon Hollande, ce sera "l'austérité de gauche" voilà tout. Et on le vérifiera très vite, car si on épargne les capitalistes, ce sont les conditions de vie de la population laborieuse qui seront visées, "relance" ou "pas relance".

La politique culturelle, comme les autres services publics, est victime de cette logique, qui fait que les caisses publiques sont avant tout au service d'une minorité de capitalistes et banquiers, élus par personne, mais qui pourtant décident de la vie de millions de travailleurs. François Hollande président s'incline et s'inclinera devant "le mur de l'argent". Pour abolir cette logique nuisible à l'ensemble de la société, il faudra que les travailleurs, ceux de la culture compris, l'imposent aux vrais décideurs, par leurs propres luttes. Il n'y a pas de sauveur suprême.

C'est pour populariser le programme de ces luttes que Nathalie Arthaud s'est présentée à l'élection présidentielle. C'est avec le même but que nous sommes candidats aux élections législatives.

Recevez nos salutations


Réponse publiée le lundi 21 mai 2012